Les Gens du mag : Gaëlle Loth

La dessinatrice lyonnaise fait partie des huit artistes présents dans le numéro « Mystique ». On creuse un peu plus son travail avec une interview et un portfolio de rigueur.

Des dessins de Gaëlle Loth s’échappe une émotion peu commune. D’abord parce qu’il s’agit de portraits, agissant sur le spectateur comme seuls ses semblables peuvent se le permettre : comme des miroirs.  Ensuite, son dessin peu encombré, aux traits instinctifs, permet de se sentir au plus près de la main qui le trace. L’artiste raccourci alors la distance entre ses intentions et le spectateur. Les couleurs franches qu’elle utilise fournissent elles le côté spectaculaire de la composition, captant naturellement l’attention et faisant vibrer plus fort le message porté par le dessin. Autour d’elles, le blanc s’installe, mettant en lumière l’essentiel et offrant une épure qui permet la contemplation. La magie opère donc, délivrant sur le papier les sentiments humains dans ce qu’ils ont de plus nus, de plus touchant et de plus universels

© Gaëlle Loth
© Gaëlle Loth
© Gaëlle Loth
© Gaëlle Loth
© Gaëlle Loth
© Gaëlle Loth
© Gaëlle Loth
© Gaëlle Loth
© Gaëlle Loth
© Gaëlle Loth
© Gaëlle Loth pour Kiblind

 

Kiblind : Comment en es-tu venue à l’illustration ?

Gaëlle Loth : Je viens d’une famille où le dessin a toujours été très présent, mon paternel fait de la bande dessinée et le grenier de mon enfance regorgeait de revues comme Métal Hurlant, Ah!Nana, Raw, de fanzines des années 80…

Le souhait de devenir dessinatrice est arrivé peu après mon rêve d’être détective privé, soit aux environs de l’âge de 10 ans. J’ai étudié aux Beaux-Arts, j’ai alors arrêté de dessiner, puis tout est revenu à la normale, et ça s’est finalement passé comme prévu.

 

Kiblind : Quelles sont les techniques que tu utilises ?

Gaëlle Loth : J’utilise de l’aquarelle, des feutres, des crayons de couleur, matériaux que j’aime à mélanger sur un même dessin.

 

Kiblind : Comment en es-tu arrivée à ce style si particulier ?

Gaëlle Loth : À force de dessiner, d’observer les œuvres d’artistes qui me touchent et m’influencent je pense… Et puis les choses sont assez instinctives finalement. Mon dessin me ressemble je crois, alors il faudrait que je me décide à aller voir un hypnotiseur pour savoir comment j’en suis arrivée là.

 

Kiblind : Comment travailles-tu ? Est-ce que ton environnement a une influence sur toi ?

Gaëlle Loth : La plupart du temps j’aime être seule quand je dessine, j’ai mes petites habitudes, beaucoup de bazar sur mon bureau, avec un espace libre de 21×29,7 cm pour poser un A3. Souvent un feutre mal rebouché fait un trait malencontreux sur la feuille, et ça participe au plaisir. L’environnement intérieur donne l’élan, et l’extérieur a une influence, immanquablement.

 

Kiblind : Peux-tu nous parler de la scène artistique lyonnaise dans laquelle tu évolues ?

Gaëlle Loth : Je satellite autour d’une scène souterraine, où des fans de papiers photocopiés ou organisateurs de concerts obscurs, avec une force de frappe dingo comme Barbapop ou bien Félicité Landrivon, associés à d’autres personnes incroyables, font bouger la ville d’une manière qui me fait encore aimer cette ville.

Et puis il y a les ami.e.s illustrateur.trice.s (Laho, Edith Lake, Virginie Morgand, Johanny Melloul, Tristan Perreton, les copin.e.s d’Arbitraire et de Mauvaise Foi…), avec qui je ne pense pas que nous constituions spécialement une « scène », nos styles sont très différents, mais nous pourrions peut-être en effet faire une photo de famille. Et je serais secrètement amoureuse de tous mes cousins cousines.

Kiblind : Quels sont les artistes que tu admires, d’hier comme d’aujourd’hui ?

Gaëlle Loth : Pour aller à l’essentiel, les éternels (ceux qui m’ont fait abandonner ma carrière de détective) sont les expressionnistes allemands, Henry Darger et David Hockney. Les artistes de Bazooka m’ont énormément marquée. Si on se rapproche du présent, côté BD, Olivier Schrauwen est un maître pour moi. Pour citer deux « locaux », Jean-Michel Bertoyas et Federica de Ruvo sont des artistes que j’admire. Seth Bogart est un artiste de Los Angeles que j’ai découvert il y a deux ans et que j’adore. Et puis une artiste qui a pour moi un travail de dessin et de peinture qui me touche profondément aujourd’hui, c’est Gwendoline Desnoyers.

 

Kiblind : Quels sont tes prochains projets ?

Gaëlle Loth : Je vais bientôt imprimer un nouveau fanzine en risographie aux Ateliers du Toner, un lieu d’impression super, tenu par des personnes géniales, à Bruxelles.

Avec Frédérique Rusch, une autre artiste que j’admire, nous voudrions faire un projet commun. Ça s’appellera quelque chose comme « Win win Pong pong », mais pour l’instant nous n’avons que le titre (ce qui est toujours le plus difficile à trouver, le titre).

Et puis je travaille sur le nouveau clip du groupe lyonnais Tombouctou. C’est un clip d’animation que je réalise avec Lisa Cocrelle, ma BFF et incroyable chanteuse du groupe. Nous faisons 20 secondes tous les six mois, alors le clip sortira certainement en 2060, je serai peut-être à la retraite, mais ça reste à voir.

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