[Focus] Léa Djeziri

De temps en temps, nos yeux se bloquent. Quelque chose les fascinent. Il faut plonger. Focus sur le travail de l’illustratrice Léa Djeziri.

Nous avons croisé les travaux de Léa Djéziri pour la première fois il y a trois ou quatre ans,  à la faveur d’une déambulation autour d’un stand de la maison Matière Grasse. Le coup de foudre. L’extase. Face à ces mises en scène sombres et majestueuses, nous n’avons pu tenir l’équilibre. Nous sommes tombés. L’art de l’illustratrice, passée par les beaux-arts d’Épinal et la HEAR de Strasbourg, est fait de grandeur et de bassesses, de quotidien et d’Histoire. Le macro et le micro se croisent dans des compositions au jeu de couleurs pénétrant, figeant une seconde qui raconte une vie. Force narrative et délicatesse esthétique sont les deux jambes sur lesquelles court Léa Djeziri.

 

© Léa Djeziri – série « Dreams & Visions »
© Léa Djeziri – série « Hello Satan »
© Léa Djeziri – série « Hello Satan »
© Léa Djeziri – série « La Chute »
© Léa Djeziri – série « La Chute »
© Léa Djeziri – série « Memory FM »
© Léa Djeziri – série « Memory FM »
© Léa Djeziri – série « Memory FM »
© Léa Djeziri – série « À partir de »
© Léa Djeziri – série « À partir de »

 

Kiblind : Quels ont été tes premiers chocs en terme de dessins ?

Léa Djeziri : Je sais pas si on peut parler de « choc », mais quand j’étais petite j’étais obsédée par Mafalda. Je devais probablement pas comprendre la moitié des vannes mais je crois bien avoir lu l’intégrale plusieurs fois. Sinon, quand j’avais environs 8 ans, mon père m’a fait regarder La Planète Sauvage. Ca m’a hantée pendant des années, si bien que je me suis fait poursuivre par des aliens bleus dans mes cauchemars jusque très tard. Je l’ai redécouvert plus tard comme une référence de taille qui m’a sans doute beaucoup influencée. Et puis je dois bien avouer que la première chose qui m’est venu à l’esprit en lisant cette question c’est : Magic the Gathering. J’ai découvert ça vers 11 ans et mon but ultime à cet âge là était de devenir illustratrice pour Magic. Encore aujourd’hui j’adore certaines illustrations des toutes premières éditions.

 

Kiblind : Quel a été ton parcours pour devenir illustratrice ?

Léa Djeziri : J’ai étudié aux beaux-arts d’Epinal, puis j’ai fait un master en didactique visuelle à la HEAR de Strasbourg. Je n’y ai pas fait que de l’illustration, loin de là, mais ça a toujours été le médium vers lequel j’aime revenir après chaque détour.

 

Kiblind : Qu’est-ce qui te plais dans la peinture comme technique ?

Léa Djeziri : Les couleurs avant tout. C’est en commençant à utiliser de bonnes acryliques avec beaucoup de pigments que j’ai compris la puissance de la peinture. Avant, je faisais surtout de la gravure et du monotype, principalement pour la profondeur et la vivacité des encres. La peinture est donc devenu un moyen d’assouvir ma soif de belles couleurs tout en ayant plus de liberté.

 

Kiblind : Tu tournes beaucoup autour du bleu, du rouge, du violet. Pourquoi ces couleurs de prédilections ?

Léa Djeziri : Je travaille en peinture comme je travaille en impression, c’est à dire en couches. Le rouge/orangé, c’est le squelette de presque toutes mes peintures. Cette couleur a le pouvoir de donner à toutes les autres une profondeur dingue. Et à peu près comme en sérigraphie, les bleus/violets se superposent super bien avec les rouges/oranges, ce qui permet de créer des tons sombres mais complexes et une infinité d’autres nuances. Mais je commence quand même à me réconcilier avec le jaune tout doucement…

 

Kiblind : Ce sont des couleurs un peu mystiques, qui vont bien avec les ambiances nocturnes et oniriques que tu peins. Comment trouves-tu tes thèmes ?

Léa Djeziri : Au cinéma ! Petite j’ai été bercée aux films d’aventure et de science fiction des années 80-90-2000, type Indiana Jones, Alien, Star Wars, Die Hard… Le cinéma, c’est clairement ce qui m’inspire le plus. Je regarde beaucoup de films et je vais au ciné quand j’ai le temps. Dans mon travail, je puise mon imagerie dans les polars et les films noirs.

 

Kiblind : Quel sont les artistes qui t’influencent aujourd’hui, morts ou vivants, jeunes ou vieux?

Léa Djeziri : Je vais donc citer des réalisateurs en vrac : Gregg Araki (top of the pops), Denis Villeneuve (les derniers un peu moins), David Fincher (forever), Bong Joon Ho (mais pas tout), Brian De Palma, Paul Thomas Anderson, Kenneth Anger, David Lynch, Martin Scorcese, Thomas Winding Refn,… Bref, on a compris l’idée.

 

Kiblind : As-tu des projets à venir dont tu voudrais nous parler ?

Léa Djeziri : Oui ! En ce moment je travaille sur deux projets de bande dessinée : le premier (ça sort en octobre) avec un collectif féministe Tunisien qui s’appelle Shift, où je raconte l’histoire de Rania Amdouni, jeune femme tunisienne, activiste, comédienne et future réalisatrice. Le deuxième rejoins directement mon amour du cinéma : j’écris une bande-dessinée jeunesse/ado dont le lecteur est le détective. C’est une enquête vue à la première personne dont il faut élucider le mystère à l’aide d’indices, d’interrogatoires etc, une sorte de mélange entre le jeu Myst, Black & Mortimer et Basic Instinct.

 

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