[Artiste de la semaine] Anna Katalin Lovrity

Toutes les semaines ou presque, nous présentons un.e des artistes qui tient une jolie place dans notre cœur. Cette fois-ci, c’est la Hongroise Anna Katalin Lovrity.

Pour tout dire, il n’y a pas si longtemps, nous ne connaissons pas Anna Katalin Lovrity. Grossière erreur. Il a fallu que son Volcano Island – film d’animation subtil sur le harcèlement sexuel – fasse la une des plus prestigieux festivals pour que notre œil paresseux se jette sur le travail de la hongroise. Et ce fut beau. Son style, très en formes et inspiré par l’art abstrait, accroche sans peine les yeux les plus blasés. Il doit beaucoup à une technique toute personnelle du collage qui a déconstruit et reconstruit son univers visuel, à une époque où elle ne pouvait plus dessiner. Quand le destin vient se mêler des beaux-arts, ça donne le travail délicat de l’illustratrice hongroise. On devait bien lui poser quelques questions.

 

 

© Anna Katalin Lovrity
© Anna Katalin Lovrity
© Anna Katalin Lovrity
© Anna Katalin Lovrity
© Anna Katalin Lovrity
© Anna Katalin Lovrity
© Anna Katalin Lovrity
© Anna Katalin Lovrity
© Anna Katalin Lovrity
© Anna Katalin Lovrity

Kiblind : Comment es-tu devenue illustratrice et réalisatrice de films d’animation ?

Anna Katalin Lovrity : On pourrait penser que les gens qui font de l’animation sont tous dingues de dessins animés, mais dans mon cas, c’est différent. Ma mère enseigne la littérature et l’histoire, et l’art possède une valeur primordiale chez nous. Un jour, notre télé s’est arrêtée de fonctionner et ma mère l’a jetée sans regret. Moi j’avais 6 ans, ça m’a rendu très triste. Je suis devenu un OVNI pour mes camarades de classes puisque je ne connaissais aucun des films dont ils parlaient. Aujourd’hui, je pense que c’était pas une si mauvaise chose, parce que ça m’a permis de lire énormément pendant mon enfance et mon adolescence et je me suis mis à écrire. Mon autre passion était la peinture et de façon très originale, j’ai voulu devenir peintre. Mais raconter des histoires est toujours resté quelque chose d’important pour moi. J’ai donc décidé d’étudier l’animation pour combiner narration et arts visuels.  Mes illustrations et mon style d’animation sont très proches, ce qui donne un style très personnel à mes films.

 

Kiblind : Pourquoi utiliser la technique du collage ? Comment cela change la perception de ton travail ?

Anna Katalin Lovrity : Depuis que je suis toute petite, je utilise beaucoup avec l’acrylique, la tempera et l’aquarelle. C’est peut-être pour ça que les formes et la couleur ont une telle importance pour moi, par rapport à la ligne. À cause d’une blessure à la main, j’ai dû m’arrêter de peindre et de dessiner pendant pas mal de temps. À partir de là, j’ai commencer à faire des collages, ce qui a renforcé mon amour des formes et des couleurs franches. Ça me permet de pouvoir expérimenter plus facilement dans mes compositions et j’adore le fait de ne pas tout contrôler et qu’il y ait toujours des surprises. Et très souvent, la couleur du papier pré-existe, ce qui me force à ouvrir mon esprit.  Cette technique m’invite aussi à m’exprimer d’une façon plus abstraite. Et quand finalement, je suis satisfaite, il me suffit de prendre la colle et de coller.

Le collage a beaucoup d’influence sur mon style, même quand je travaille en digital. Mais j’aimerais en faire encore plus et à une plus grande échelle.

 

Kiblind : Comment se passe ton travail ? Quel est ton procès sur une œuvre ?

Anna Katalin Lovrity : Depuis que je créé des films – ce qui demande beaucoup de préparation -, les illustrations sont plus une récréation pour moi, et chacune démarre de façon très différente. Parfois, je tique sur une combinaison de couleurs que je trouve belle ou alors je commence à jouer avec des pièces de couleurs ou encore je tente des choses avec l’outil Lasso sur PhotoShop. D’autres fois, c’est une histoire qui me vient en tête et qui pousse mes illustrations en dehors de leur zone de confort.

Mes œuvres ont l’air simples et nettes, mais depuis que j’utilise des pièces sans les contourer, j’ai besoin de penser minutieusement mes formes pour ne se concentrer que sur les choses importantes. J’ai habituellement besoin de m’arrêter un moment et de revenir dessus ensuite avec un regard neuf. C’est important de ne pas paniquer quand quelque chose ne va pas comme vous voulez. Mais c’est sûr que les deadlines contribuent à accélérer le processus.

 

Kiblind : À quoi ressemble ton studio ? Comme cela affecte ton travail ?

Anna Katalin Lovrity : Je vis avec mon mari qui est aussi un créatif et notre studio se trouve dans une pièce de l’appartement. Et comme il est souvent en déplacement, j’y suis seule. Le studio a une énome fenêtre orientée plein sud, ce que j’adore : j’ai l’impression d’avoir l’endroit le plus ensoleillé de la ville et j’ai pas vraiment de problème de lumière. Je peux rester devant la fenêtre pendant des heures, comme dans une sorte de méditation. Parfois, je me demande si ce ne serait pas plus sain de séparer plus ma vie personnelle de ma vie professionnelle, mais je ne peux pas quitter cette pièce si lumineuse et qui contient tous mes livres d’arts et mes fanzines.

Ça ne me gène pas d’être seule la plupart du temps et même mieux, quand j’écris j’ai besoin d’un silence totale. J’aimerais bien avoir un bureau en plus, juste pour la partie manuelle, on est en train de travailler dessus. J’ai aussi un poster de Palefroi accroché au mur qui m’inspire en permanence même si nos styles n’ont rien à voir. wish I could have an extra desk for only manual techniques though, we are working on the solution.

 

Kiblind : Quels artistes t’inspires ? Quels illsutrateurs nous conseilles-tu de suivre ?

Anna Katalin Lovrity : Je suis l’une des co-fondatrices de Zina the zine, qui est un collectif de femmes illustratrices et bédéistes. C’est un projet qui m’inspire beaucoup, nous y discutons de nos problèmes et on se pousse chacune à créer plus et mieux. Je recommande à tout le monde de s’entourer d’amis artistes.

Sinon, des illustrateurs que j’aime beaucoup en ce moment, il y a Mari Kanstad Jonhsen et Chris Robinson.

Kiblind : De quoi seront faits tes prochain jours ?

Anna Katalin Lovrity : Là, je suis au Danemark en résidence, où je développe depuis deux mois un nouveau court-métrage appelé Marble and LemonsAprès demain, je reviens à Budapest, donc ces prochains jours je probablement faire mes bagages et dire au revoir à tous les gens merveilleux que j’ai rencontré ici.

Nous allons en Jordanie dans pas longtemps pour les vacances. Voyager est une très grande source d’inspiration pour moi et j’espère que la Jordanie va m’apporter plein de nouvelles idées !

 

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