En plus de nous offrir chaque année une programmation de qualité, le festival Jazzycolors porté par le FICEP sait y faire lorsqu’il s’agit de soigner son identité visuelle. C’est cette année l’illustratrice belge Kristina Tzekova qui a eu l’honneur de réaliser l’affiche de la 23ème édition du festival parisien. On a voulu en savoir un peu plus.
Du 3 novembre au 9 décembre, Jazzycolors accueillera dans 14 lieux d’exception des artistes issus de 20 pays, grâce à une programmation construite par 19 Centres Culturels et Ambassades. Des concerts pluriels et variés pour montrer toutes les facettes du jazz. Parmi ceux là : un concert du pianiste Bojan Zed, parrain de choix de cette édition, qui ne manquera pas d’enchanter les festivalier·es lors de la soirée d’ouverture au Musée des Archives Nationales.
Pour représenter au mieux les effets que peuvent provoquer cette musique, le festival s’est cette fois acoquiné avec Kristina Tzekova, illustratrice étant passée maitre dans l’art de représenter les effets de la musique et de la danse sur les corps.
En attendant les grandes festivités, on a demandé à l’artiste belge de nous en dire plus sur cette collaboration.
Bonjour Kristina ! Tu signes l’affiche de l’édition 2025 de Jazzycolors organisée par le Ficep. Quelles ont été tes inspirations pour cette illustration ? Pourrais-tu décrire le visuel en quelques mots ?
Bonjour KIBLIND ! La première chose qui guide mon travail, c’est le format. L’affiche devait pouvoir être pliée en quatre alors j’ai utilisé cette contrainte pour m’amuser avec le découpage. En traçant les cases, j’ai très vite eu l’idée de ces silhouettes dansantes. J’ai choisi une palette réduite pour l’arrière-plan, avec une dynamique à deux couleurs qui évoquent pour moi les touches d’un piano et crée un certain rythme visuel.
C’est le film Permanent Vacation de Jim Jarmusch qui t’a inspiré pour cette affiche. Qu’est-ce qui t’a attirée dans ce film, et comment cette atmosphère s’est-elle glissée dans ton illustration ?
J’aime beaucoup les films de Jim Jarmusch et j’ai tout de suite pensé à cette scène où un jeune homme danse frénétiquement sur du Earl Bostic (ndlr. saxophoniste, arrangeur et chef d’orchestre américain de jazz). L’ennui, c’est que je voulais dessiner une femme. Tout en gardant l’esprit de la scène, je me suis alors inspirée de chorégraphies trouvées sur internet.
Ton univers est reconnaissable entre mille grâce notamment à l’utilisation du crayon de couleur. Comment as-tu construit cet univers ? Est-ce que cette esthétique s’est imposée à toi naturellement au fil du temps, ou est-ce une direction que tu as forgée pas à pas ?
Merci ! La technique du crayon de couleur a été très vite une évidence. Le temps que demande le crayon est important pour moi : il m’oblige à ralentir, à intégrer ce qui n’a pas encore été complètement compris. La décomposition et le séquençage sont venus plus tard. J’aimais filmer de petits gestes du quotidien — me coiffer, danser — puis les retraduire en dessin. J’y ai trouvé une forme de narration silencieuse qui me ressemble. Par la suite, cette structure m’est devenue essentielle.
Jazzycolors met à l’honneur le jazz et des artistes contemporains venus du monde entier. La musique – et le jazz en particulier – occupe-t-elle une place dans ton travail, tes inspirations ou même ton quotidien ?
Oui, énormément. On passe beaucoup de temps à la maison à créer des playlists, à dénicher des artistes et des univers inspirants, et nous avons deux petits enfants pour qui la musique est omniprésente. Elle fait donc partie de notre quotidien — mon bureau est littéralement au milieu de ce capharnaüm perpétuel !