Rencontre avec l’illustrateur multi-casquettes Félix Ernoult qui signe l’affiche de la nouvelle édition du festival Hors Pistes, tenu dans la ville d’Annecy du 28 février au 1O mars 2024.
Le festival Hors Pistes – organisé par Le Brise Glace, scène de musiques actuelles – c’est dix jours dédiés à la découverte des nouveaux talents et de l’avant-garde musicale de la scène indé nationale et internationale qui vous attendent à bras ouverts.
Pour l’occasion, c’est l’artiste local Félix Ernoult qui a donné le ton en réalisant l’affiche ludique et colorée du festival. Rencontre avec cet illustrateur et tatoueur qui possède encore bien d’autres cordes cordes à son arc.
Hello Félix, qui es-tu ?
Je suis artiste tatoueur et dessinateur basé à Annecy. Je suis également imprimeur et éditeur. Je suis diplômé de la HEAD à Genève, c’est là-bas que j’ai rencontré l’illustrateur Nicolas Clemente, avec qui j’ai monté l’atelier Nebel Press, atelier d’édition et de risographie installé dans les locaux d’Art By Friends.
Peux-tu nous parler de l’affiche que tu as réalisée pour l’édition 2024 du festival Hors Pistes ?
Comme pour tous mes projets d’illustration, j’ai commencé par faire des croquis dans mes carnets. Pour l’affiche d’Hors Pistes, j’ai mis un moment avant de trouver ce que je voulais faire, j’ai exploré plusieurs styles de dessins, de personnages. Finalement, je me suis dit que j’allais commencer par résoudre la question de l’arrière-plan : j’ai pris des chutes de papier imprimés en riso qui trainaient dans l’atelier, je les ai superposées, et je me suis rendu compte que ça ressemblait à un paysage de montagne — mais sans trop évoquer le sport outdoor ou le ski, ce qui était la chose à éviter. Ensuite, les personnages sont venus naturellement. J’ai aussi retravaillé le logo du festival en l’imprimant en riso et en le scannant à nouveau. Tous les éléments de l’affiche ont été travaillés à la main et scannés.
Des coups de coeur dans la prog’ du festival ?
Sans hésiter, Lysistrata qui joueront le samedi 2 mars à la Chapelle des Forges. Je les déjà vu plusieurs fois en concert et je les trouve incroyables ! Je ne manquerai pas non plus Structures le jeudi 7 mars au Brise Glace.
Ton style oscille entre un côté faussement naïf, presque enfantin, et des références à la culture médiévale et la fantasy… Comment en es-tu arrivé à développer cet univers ?
La culture geek et fantasy, ça me suit depuis que je suis gamin, c’est tout ce que j’aime dans la pop culture, que ce soit dans les jeux de cartes ou les jeux vidéo, dans les séries, dans la littérature… Je me nourris de ces références depuis toujours. L’aspect naïf et enfantin de mes dessins est venu quant à lui pendant mes études. J’ai découvert plein d’artistes, de courants, de styles d’illustration, de bande-dessinées qui m’ont beaucoup inspiré. Je pense notamment à Brian Chippendale ou à Christopher Forgues. Leurs façons de représenter des personnages de façon très spontanées, avec un côté fantastique, un peu bizarre, m’ont marqué et influencé dans mon travail.
Tu sais que « bisou » au pluriel, ça s’écrit « bisous » et pas « bisoux » ? ☺︎
Maintenant, je le sais ! Il n’y a pas longtemps, j’ai écrit BISOUX au premier degré en pensant que ça prenait un X ; et finalement j’ai assumé cette faute et je m’en suis emparé. Et puis ça rime avec Félix.
Au-delà de ton travail dans l’illustration et l’édition, tu es aussi tatoueur. Est-ce qu’il y a des ponts entre ces différentes pratiques ?
Avant même de commencer à tatouer, ma manière de dessiner se prêtait déjà bien à l’univers du tatouage : mes carnets de dessins étaient remplis de flashs, de petits personnages et d’objets. Ce qui me plait dans les deux pratiques, c’est le rapport à la physicalité du dessin. Je fais tout à la main. Quand je dessine, ce qui m’importe, c’est le support sur lequel il sera édité, et de prendre en compte ses contraintes. Dans le tatouage, c’est pareil, ça pose la question : comment faire pour qu’il rende bien sur la peau ? Chaque medium a ses contraintes, le papier ou la peau, et c’est ça qui m’intéresse. Un dessin n’est pas juste vacant, flottant, il a un but et une destination physique.
C’est quoi le tatouage que tu rêverais de réaliser ?
Je pense depuis longtemps à faire une pièce dans le dos, un dos complet avec un mur de briques. J’adore dessiner des briques (d’ailleurs, il y en a sur l’affiche d’Hors Pistes). Pendant un moment, c’était même une obsession. Ce serait trop beau de pouvoir tatouer un dos avec plein de petites briques toutes fines, ou bien un dos avec quelques briques, très grosse. Si ça intéresse quelqu’un, contactez-moi !
Félix Ernoult tatouera ses flash le mercredi 6 mars au Brise Glace à l’occasion du concert de Marguerite Thiam + Laventure.
