Les Gens du Mag : Vanilla Chi

L’illustratrice d’origine chinoise Vanilla Chi est passée maitre dans la production des bonbons pour les yeux. Pour Kiblind Sugar Sugar, l’artiste a choisi de représenter sa relation paradoxale avec le sucre en s’appuyant sur son expérience personnelle. On en profite pour vous présenter son oeuvre savoureuse et un brin mystique.

À la lecture de son nom déjà, l’image de jolies orchidées lianescentes tropicales vient embaumer notre esprit. Cette vision succulente en tête, nous nous aventurons dans l’oeuvre de Vanilla Chi, tout prêts à plonger dans cet univers aussi sucré que son blaze l’avait prédit. Des motifs ornementaux, des éléments folkloriques chinois, des couleurs aussi pastel qu’un bonbec : voilà le trio de choc qui différencie immédiatement les si jolies illustrations de Vanilla Chi à celles du commun des mortels. On vous laisse donc imaginer sans mal pourquoi nous avons demandé à l’illustratrice désormais new-yorkaise de nous proposer sa vision du thème « Sugar Sugar » dans notre dernier magazine.

Salut Vanilla, peux-tu nous raconter comment tu es devenue illustratrice ? 

J’ai toujours adoré dessiner depuis que je suis enfant. Même si je n’avais pas vraiment reçu d’éducation artistique avant de venir à New York, j’ai toujours été connectée au dessin. Je suis née à Shenzen, en Chine où j’ai vécu dans une vieille maison. La maison était petite, mais le salon avait un grand mur blanc et je m’amusais à peindre dessus. Au lycée, ma meilleure amie et moi participions à une classe qui évoquaient la propagande. Nous avons recouvert de dessins le tableau noir et peint des posters de propagande pour les coller sur les murs extérieurs de la classe. J’allais au bureau de presse toutes les semaines et j’attendais les derniers magazines illustrés et mangas. J’ai ensuite dessiné mon propre manga et je le faisais passer aux élèves de la classe. Puis je suis allée dans une école plus stricte donc je n’avais pas beaucoup l’opportunité de dessiner. J’ai commencé à secrètement gribouiller mes carnet et brouillon en classe. Avant que j’arrive à New York, j’ai étudié la médecine en Chine pendant deux ans. J’étais un peu confuse par rapport à ce choix puis j’ai entendu parler d’une formation en illustration. J’ai réalisé que j’ai grandit entourée par des illustrations, des livres et des mangas. Finalement, il y avait une certaine fatalité là dedans : peu importe les détours que j’ai pu prendre, j’en revenais toujours au dessin. Aujourd’hui, je me dévoue entièrement à l’illustration et à la création. 

« We Stand as one » x It’s Nice That

Peux-tu nous expliquer ton illustration pour le magazine Kiblind Sugar Sugar ? 

Ce travail est basé sur mon expérience personnelle. J’y parle de la relation entre la drogue et le sucre. Quand je me sens anxieuse et déprimée, au lieu de prendre mes médicaments, j’ai plutôt tendance à manger des bonbons, des gâteaux, de la glace et d’autres desserts bourrés de sucre. J’utilise le sucre comme un moyen de gérer mes problèmes émotionnels. Ce comportement, c’est un peu comme voler quelque chose et se sentir immédiatement coupable ensuite.

Candle Cake, Flower Girls and Blood Garden

Peux-tu nous parler de 3 projets qui ont été particulièrement importants pour toi ? 

Paperdoll Fantasy 

Mon préférée jusqu’à présent est « Paperdoll Fantasy ». J’ai réalisé ce travail en m’inspirant d’une poupée en papier avec laquelle je jouais quand j’étais petite, combiné à mes propres vêtements. Ce projet est ma première tentative d’exploration de mon esthétique et de ma philosophique personnelle. Les filles ici sont comme de jolies poupées qu’on manipule et qui sont dépendantes des modes, des désirs et de l’avidité d’autrui. Pourquoi voudrais-je être cette version idéalisée ? Une fois que la perfection est atteinte, que faire ? C’est un culte, un rêve illusoire, une fausse manière de se réconforter. Ce que j’ai créé représente cette absurdité, en prenant compte le fatalisme qu’implique le fait de vouloir résister à tout prix face à des choses inévitables. 

Candle Cake, Flower Girls and Blood Garden

Cette série me permet d’expérimenter la combinaison entre graphisme et illustration. J’y parle aussi de mon point de vue concernant les rites funéraires chinois et de ma vision de la mort. J’essaie de m’affranchir de ce que l’art oriental m’a appris en me servant de mon approche de l’art via le prisme de ma culture chinoise. Mes illustrations sont toujours symétriques. La symétrie symbolise le calme, le sérieux, représente l’harmonie et la stabilité.

❤ It’s Nice That x Vanille Chi « We Stand As One »

C’est mon tout dernier projet. J’ai collaboré avec Jyni Ong, l’éditeur de It’s Nice That pour créer une BD et un poster en réponse aux crimes perpétrés contre les asiatiques. J’ai choisi 10 objets qui font référence à la culture asiatique et les ai redessiné pour amener des métaphores contradictoires. J’ai eu de la chance car on m’a laissé beaucoup de liberté sur ce projet. Je ne voulais pas que ça devienne une sorte de propagande ou quelque chose de politiquement correct. Je voilais que la communauté asiatique sache que je ressens leur expérience, leur douleur et que nous sommes unis, que nous pouvons faire du bruit tous ensemble. 

VANILLA CHI // KIBLIND SUGAR SUGAR

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