Les Gens du mag : Sander Ettema

L’illustrateur néerlandais Sander Ettema a su illustrer avec intelligence un fait divers, qui sur le fond, pourtant, manquait beaucoup de finesse pour notre numéro Faits Divers. On vous présente ce cascadeur de l’extrême dont l’univers graphique nous a soufflé.

Sous nos yeux, une forêt enchantée peuplée de géantes créatures sorties d’une dimension parallèle et de végétaux aux traits humains. Sommes-nous en plein milieu d’un trip sous LSD ? Que nenni, c’est en face du compte Instagram de Sander Ettema que nous sommes postés. Dans l’univers fantasmagorique de l’illustrateur néerlandais, les humains lambda que nous sommes n’ont pas leur place, et cette déconnection est salvatrice. Grâce à une imagination exploitée à juste dose et à une technique imparable, Sander a créé de toutes pièces un univers unique et reconnaissable. Ultra productif, Sander a marqué de ses illustrations des pochettes de disque, fanzines, K7, clips animés et vêtements entre autres.

Ne doutant pas de sa capacité à transcender un sujet graphiquement, nous lui avons donné pour mission d’illustrer un fait divers plutôt délicat : l’histoire du cannibale Issei Sagawa. Mais si vous savez, ce brave type qui a découpé puis mangé une fille, puis qui des années plus tard, a fait des pubs pour vendre de la viande.

Illustration du fait divers sur Issei Sagawa pour Kiblind Faits Divers

Salut Sander. Peux-tu nous dire quel fait divers t’as le plus marqué ?

Je trouve cela difficile à dire, alors à la place je vais juste fournir le premier qui m’est venu à l’esprit : le Sun Gym Gang, un gang de bodybuilders à Miami qui a monté un plan pour devenir riche rapidement, et qui a misérablement échoué.

Connaissais-tu cette affaire, et comment as-tu appréhendé l’exercice qu’on t’as demandé de faire pour ce numéro Faits Divers ?

J’avais déjà entendu parler d’Issei Sagawa, mais je pensais qu’il s’agissait d’une affaire macabre et rien de plus. Lorsque Kiblind m’a demandé de réaliser l’illustration de ce fait divers, j’ai pensé que c’était logique, puisque je faisais un travail au ton plus sombre que précédemment. J’ai ensuite essayé de prendre du recul et de regarder ce qui se passait autour de cette affaire et ce qu’elle venait représenter : le consumérisme.

Ton illustration est remplie de symboles : le serpent, la bouche, les yeux et cette figure inhumaine qui se dresse devant nous, peux-tu nous dire le message que tu voulais faire passer à travers tous ces symboles ?

Je voulais faire une image horrible qui dépeigne le gore dans un sens glamour, qui soit agréable à regarder. En même temps, je voulais quelque chose de plat, de théorique, qui représente les différentes qui amènent le consommateur au produit.

Est-ce que le fait de ne pas représenter le criminel et plutôt de laisser le spectateur trouver à quelle affaire l’illustration fait référence est un parti pris ?

Pour moi, le fait divers était un parfait exemple de la façon dont les médias jouent un rôle de premier plan dans la narration, donc pour moi, Issei Sagawa lui-même n’était qu’un acteur dans une pièce plus vaste.

Tes illustrations en général sont très oniriques et psychédéliques, par quoi es-tu inspiré lorsque tu dessines ?

Mon subconscient, je fais généralement des dessins automatisés en ayant à l’esprit un concept ou une idée approximative et je remplis les blancs pendant que je réalise l’œuvre proprement dite.

Toad

Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été importants pour toi ?

Lone Adventurer est une illustration que j’ai faite il y a peu à cause de mon obsession récente pour les jeux de rôle, il s’agit d’affronter ses démons malgré les risques.

Lone Adventurer

Arena parle du sentiment d’incapacité et de la pression constante subie pour être performant, un reflet de ce que je ressentais à ce moment-là.

Arena

Pan, c’est aussi la pression de la performance, le fait de jouer au diapason de quelqu’un d’autre.

Pan

SANDER ETTEMA

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