Les Gens du Mag : Pierre André

Avec ses tendres et charmantes illustrations, ses éditions léchées imprimés en risographie et sérigraphie, Pierre André a visé tout droit notre coeur. Nous l’avons invité à revisiter le jeu de l’oie pour notre magazine Kiblind À quoi tu joues?. 

Il fut un temps où Pierre André s’imaginait malaxer de la pâte à pain à 6h tous les matins. Puis finalement, il a opté pour un métier qui permet de faire un peu plus de grasse mat’ : illustrateur. Même si les deux corps de métier peuvent sembler opposés, ils répondent pourtant tous deux à un sens du détail, une minutie et à un savoir-faire équivoque. Comme il peignerait délicatement ses pains pour les dorer en sortant du four, Pierre soigne ses illustrations jusqu’au détail final. Grâce à des méthodes d’impression manuelles (ou presque) comme la risographie et la sérigraphie qu’il affectionne, Pierre dessine son univers à la tendresse débordante.

À la force de ses coups de crayons, il fait apparaitre un monde où personnages minimalistes, obsessions enfantines et scènes du quotidien se côtoient dans des compositions souvent quadrillées. Parce qu’on en avait trop envie, nous avons demandé à l’artiste de nous proposer sa version du jeu de l’oie. Et pim, on replonge direct en enfance.

Salut Pierre, à quoi tu joues ?

Réponse décevante, je joue en réalité très peu aux jeux de société ! Je n’ai pas grandi dans une famille qui avait la fibre « jeux de société » ni même des amis pour qui c’était une passion/loisir. Dis comme cela j’ai l’impression de leur faire le reproche à tous mais il faut tout simplement croire que moi même si j’ai du plaisir à y jouer, je n’ai pas plus d’attrait que cela en temps normal.. et puis… assez vite l’arrivée de la Game Boy Color a chamboulé durablement mes centres d’intérêts..donc je joue plutôt aux jeux vidéos ! 

Quelques mots sur ta création pour Kiblind ?

Le jeu de l’oie, c’est typiquement le type de jeux que j’associe à mon enfance, c’est comme les petits chevaux ou bien encore le jeu de serpents et des échelles ( les équivalents ciné sont pour info ; Casper, Babe et Mme Doubtfire ! ). Donc je ne me sentais pas trop à l’aise pour le « réinventer » alors que mes souvenirs étaient… au mieux « brumeux ». Par contre, l’idée de partir de la structure classique et reconnue d’un jeu de société, en l’occurrence le jeu de l’oie et essayer d’y accoler son « style », ça, c’était un petit challenge très excitant et très plaisant à réaliser !

Quels sont tes projets de la rentrée ?

Alors j’ai un projet de rentrée qui est aussi un projet très important pour moi ; c’est une série de 10 petits épisodes pour le Centre Pompidou sur 10 artistes qui ont tous pour point commun d’avoir été chacun et chacune à un moment donné précurseur dans l’art (par exemple l’art performatif, numérique, corporel, etc.). C’est l’occasion de découvrir et/ou redécouvrir tout un tas d’artistes et parfois tout un pan de leur Oeuvre méconnue pour moi. Pour autant je ne me considère absolument pas comme un animateur donc découvrir ( survoler même) l’animation, toutes ses possibilités, ses subtilités de manière un peu « autodidacte » c’est à la fois incroyablement laborieux (et chronophage) et très jouissif !

Peux-tu nous présenter 3/4 projets importants pour toi ?

L’ABÉCEDAIRE

Alors il y a mon abécédaire, qui est, on va dire la partie pratique de mon mémoire de fin d’études sur les abécédaires pour enfants. J’ai fait une veille assez large des abécédaires contemporains ou d’époque, et même encore aujourd’hui, il persiste des « curiosités », des choix problématiques dans les termes ou dans la manière de les illustrer, des choix qui peuvent véhiculer des clichés/préjugés et/ou être discriminants. 

A pour Arbre, abécédaire

S’arrêter là aurait été un peu trop simple donc. 

L’idée c’était aussi de m’y confronter… et puis l’abécédaire, l’objet, est assez passionnant en soi, c’est un véritable exercice de style, le rapport entre l’image et les mots est très fort, l’objet repose bien souvent sur une certaine forme de minimalisme, tout est épuré au possible parce qu’il repose aussi sur la notion très forte de « choix », dans les termes et leurs illustrations.. c’est un petit travail d’orfèvrerie l’abécédaire !

G pour Gâteau, abécédaire

Bref, je m’égare, je voulais faire un abécédaire le plus inclusif possible, qui n’est pas forcément une vision toujours trop occidentalisée des choses ou qui puisse nuancer des illustrations qui peuvent paraître anodines de premier abord pour les actualiser d’une certaine manière.

S pour Sport, abécédaire

Bien évidemment, vaste projet que je n’ai très probablement pas toujours réussi à mener à bien, mais qui pousse au moins à se poser tout un tas de questions passionnantes et je pense même nécessaires.

Y pour Yourte, abécédaire

○ EDITION SUR LA BOULANGERIE-PÂTISSERIE

L’autre projet c’est une édition sur mes études de Boulangerie-Pâtisserie. Avant celles aux Beaux-Arts, j’ai fait un BEP Boulangerie et un Bac pro Boulangerie-Pâtisserie. Deux ans sont passés depuis ce projet (qui était mon autre projet de diplôme de fin d’études). Si sur la forme je suis devenu assez (voire très) critique/mitigé, je reste très attaché sur son fond, j’ai vraiment beaucoup beaucoup d’affection et d’attachement pour cette édition (peut-être aussi pour ses défauts d’ailleurs). D’abord ça m’a prouvé que j’étais capable de mener à bien des projets de cette « ampleur ». C’était aussi forcément un travail plus personnel qu’un autre et c’est toujours agréable de revivre et de se remémorer de très très chouettes souvenirs, de se rappeler de personnes auxquelles j’étais et je reste toujours attaché à défaut de pouvoir les revoir, et parce que finalement c’est la certitude d’avoir ces quelques instants d’hier préservés quelque part aujourd’hui.

édition sur la Boulangerie-Pâtisserie
édition sur la Boulangerie-Pâtisserie
édition sur la Boulangerie-Pâtisserie
édition sur la Boulangerie-Pâtisserie

PIERRE ANDRÉ // KIBLIND MAGAZINE A QUOI TU JOUES

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