Les Gens du Mag : Paul Descamps

Ses compositions fourmillantes et psychédéliques font de lui un illustrateur unique en son genre. On a posé quelques questions sur ses projets et sa pratique artistique à Paul Descamps, suite à son illustration réalisée pour Kiblind « Vertige ». 

Pour Paul Descamps, le vertige est « un truc bizarre au ventre ». Le fait est que nous aussi, ça nous fait un petit quelque chose au ventre quand on se retrouve face aux illustrations de l’artiste français. Armé de ses stylos bic, l’illustrateur pratique le dérapage contrôlé dans le dessin, même si il avoue en être un peu moins friand dans la vie. Surtout quand ça glisse. Amateur de photomontage, de crayonné, de mangas et « de trucs d’internet et d’ados », Paul Descamps façonne un monde psychédélique aux multiples inspirations peuplé de personnages fantasques.

Pour Kiblind « Vertige », nous avons reçu de sa part une illustration qui nous a renvoyé tout droit dans les années 2000. On a discuté avec l’artiste de sa pratique du dessin et de sa relation au vertige.

Création originale de Paul Descamps pour Kiblind « Vertigo »

Hello Paul. Pour Kiblind “Vertige”, tu as choisi de dessiner des gens en rollers dans tous les sens. Ça te donne le vertige à toi le patin à roulettes ?

Ah ben quand même en haut d’une rampe ou quoi, ça fait un peu peur. Je sais pas si c’est le vertige, mais c’est stressant !

Lapin, peinture

Quelle est ta définition du vertige ? 

Ça fait un truc bizarre au ventre quand on regarde en bas. Enfin, ça me le fait moins qu’avant, mais c’est surtout de voir des gens s’approcher d’un vide qui fait peur. J’ai toujours peur que les gens glissent.

Moustique, peinture

Les détails, les contours et les jeux de textures sont très impressionnants dans ton travail. Quels sont tes outils et techniques de prédilection pour créer une image ? 

Ça dépend un peu, en tout cas pour dessiner des bonhommes au trait, j’aime trop le stylo bic. J’aime bien le bic bleu parce que ça fait un peu des variations du bleu au violet, avec parfois des tâches d’encre très sombres. J’aime bien qu’il y ait cette variété. Pour mes trucs « sérieux », j’utilise un bic bleu de la gamme « cristal fine ». J’aime bien aussi le laisser un peu au soleil pour qu’ensuite l’encre soit plus tendre et qu’il bave bien. J’aime trop quand ça fait un peu des pâtés, ça ajoute une petite perturbation, sinon c’est trop clean, c’est moins beau. Récemment, j’ai découvert les bic 1.6mm, ils ont une bille énorme, c’est très agréable. Je les utilise surtout dans mes carnets, j’aime beaucoup comme ils glissent. C’est doux, ça va super vite. J’ose pas encore les utiliser pour des projets sérieux mais j’espère que j’y arriverai. Des fois, un stylo comme ça, tu peux le vider en une journée tellement la bille est grosse et met beaucoup d’encre. C’est abusé. J’ai aussi des stylos plumes. Avant, j’avais des Preppy de la marque Platinum, c’était trop bien, mais j’ai plus de cartouche. Maintenant, j’ai un truc de base de supermarché, c’est chouette aussi. Sinon pour les couleurs, j’ai une boîte d’aquarelle japonaise (la boîte verte là), elles sont bien intenses et il y a même des couleurs un peu nacrées. Sinon, j’aime bien créer des couleurs à l’ordi, je faisais pas mal de photomontages et j’essaye de mixer des techniques de photomontage avec le dessin.

Hyeres drawings

On a souvent l’impression d’un effet phosphorescent dans tes dessins. Comment arrives-tu à ce rendu ?

Je pense avec des filtres. Notamment le filtre « passe-haut » sur Photoshop que j’aime trop. Sinon je ne sais pas, un peu en trafiquant la saturation.

Poubelles appart

Ton travail est ambivalent, à la fois inspiré de la culture punk, graffiti, années 2000, à la fois sombre et à la fois joyeux. Quels sont les esthétiques / mouvements artistiques qui te fascinent depuis toujours ?

Je lis beaucoup beaucoup de mangas et j’aime bien les trucs qui viennent d’Internet. J’écoute beaucoup de musique aussi alors je pense ça joue probablement, je ne sais pas, je me promène. Mais si je devais citer des œuvres que j’aime beaucoup ce serait Jojo’s Bizarre Adventure, Hunter x Hunter, Yu gi Oh, One piece, Dorohedoro, Tsubasa Reservoir Chronicles, Paradise Kiss, un manga trop bien aussi qui s’appelle Eight de Atsushi Kamijo. J’ai trop aimé Beastars aussi dernièrement. En bref, des trucs un peu d’ados quoi.

Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été marquants pour toi et nous dire pourquoi ?

Je pense mon premier zine solo Bleu bleu m’a fait trop du bien quand j’ai osé le sortir. Je commençais à me sentir bien dans mon dessin. C’est mon premier zine solo, c’est pas rien. Avant, je sortais des trucs avec mes amis Louka et Thomas, mais on faisait un peu des trucs à trois en photomontage, on n’assumait pas encore trop le dessin. Mais ouais, c’était ouf d’arriver à faire ça. 

Extrait de Bleu Bleu

Après je pense à Zboing zboing, longue histoire, presque 100 pages. Et en plus, chance incroyable d’avoir un éditeur. Je ne réalise pas trop mais des fois, il y a des gens, je les connais pas et ils ont lu mon bouquin, c’est abusé quand même d’être en librairie. Je pense que ce livre me tient à cœur quand même, c’est un peu le premier vrai truc. Et le seul d’ailleurs lol.

Zboing zboing
Zboing zboing
Zboing zboing

Aussi avec Poubelles City Stories, mon dernier zine de l’an passé, j’ai pu mêler mes effets de photomontages et mon dessin actuel et tout mixer. Je trouve que c’est bizarre mais en même temps ça marche. Ça fait trop plaisir de pouvoir assumer pleinement tout ce qu’on est, non ?

Poubelles City Stories – Street
Poubelles City Stories – Rollers
Poubelles City Stories – Sniper

PAUL DESCAMPS // KIBLIND VERTIGE

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