Avec son don inné pour transformer les choses insignifiantes de la vie en des histoires passionnantes, nous étions curieux de savoir comment María Jesús Contreras allait illustrer le thème « obsession » de notre dernier magazine. La réponse est : divinement. On vous présente cette illustratrice chilienne qui nous bluffe à chaque coup de crayon.
Le bout de biscuit qui se détache et se noie au contact du lait chaud, l’opercule de la boite de conserve qui vous reste entre les mains, le code barre autocollant qui ne se détache jamais d’un seul coup… En voilà des choses insignifiantes à première vue, mais ô combien irritantes. Si elles nous énervent sur le moment, elles n’auront sûrement même pas la chance de trouver une petite place dans la conversation de fin de journée. En bon samaritain qu’elle est, Maria Jesus Contreras redonne leurs lettres de noblesses à ces détails irrésistibles en les représentant dans ses illustrations (alala les cuillères Le Roi Lion qui changeaient de couleurs…). Quand elles ne nous dessinent pas un léger sourire en coin sur le visage, ses illustrations ultra référencées font couler une larme de nostalgie sur notre joue. Avec une palette de couleurs restreinte et un humour des plus fins, l’illustratrice chilienne n’a pas son pareil pour retenir notre attention.
Comme on l’aime beaucoup, nous avons invité l’ancienne étudiante à la Pontificia Universidad Católica du Chili à nous livrer son interprétation du thème « Obsession » pour notre dernier numéro. Le moins qu’on puisse dire est que l’on a pas été déçus lorsqu’on a reçu cette illustration puissante et métaphorique, relevant les manies pathétiques (et à la fois si naturelles) des humains que nous sommes.
En résumé, si nous devions choisir 3 mots pour décrire notre obsession à nous, les voici : María Jesus Contreras.
Holà María, pour rentrer dans le vif du sujet, peux-tu nous dire quelle est ton obsession la plus inavouable ?
L’ordre autour de moi. La vérité est que mon monde intérieur est chaotique et angoissant. Ce que je fais, c’est maintenir les structures que je n’ai pas à l’intérieur, à l’extérieur : dans ma maison, dans le repassage, dans mes vêtements, le nettoyage, même la litière de mon pauvre chat qui ne peut même pas faire ses besoins avant que je la jette… Le pire, c’est que je ne suis même pas une fan de Monica de Friends, même pas de Friends tout court, et qu’elle m’irrite. Comme je m’irrite moi même.
Quels sont les trois premiers mots qui te viennent à l’esprit lorsque quelqu’un mentionne le thème « obsession » ?
Vénérer l’absurdité qui vous sodomise (cela fait 6 mots) donc : vénérer, absurdité, sodomiser.
Peux-tu nous expliquer l’illustration que tu as réalisé pour le magazine ?
J’ai l’impression que mes dessins ne cherchent pas à être profonds ou à aller à l’origine de ce qu’est réellement l’obsession. Je veux juste ridiculiser la façon dont une obsession peut être exprimée de manière vaine, quelque chose qui semble complexe et qui paraît pathétique à l’extérieur.
Sur quel projet tu travailles en ce moment ?
Je travaille sur une vidéo animée pour Nice Guys records, je suis excitée car la chanson est très belle. J’aime vraiment travailler pour des musiciens, parce que je ne m’implique pas autant et je ne fais qu’aider à visualiser leur art et c’est un privilège.
Peux-tu nous parler de trois projets qui sont très importants pour toi ?
Il y a un mois, j’ai travaillé avec le journal belge De Standaard der Letteren, et j’ai pu faire la couverture sur une interview de Fran Lebowitz, ma femme préférée. C’était un honneur.
Google Latin America m’a demandé des fonds illustrés pour parler de l’influence des Latinos dans l’entreprise, c’était aussi un honneur de représenter mon peuple.
Nike, pour la coupe de l’Amérique féminine m’a demandé de dessiner l’une des athlètes de mon pays, je n’arrive toujours pas à me remettre du fait que j’ai reçu un e-mail demandant ce travail.
