Les Gens du Mag : Lisa Blumen

Contrairement aux fantômes qu’elle adore dessiner, l’oeuvre de Lisa Blumen, elle, ne demande qu’à être dévoilée au monde. Bien chanceux, nous avons accueilli une illustration coquinette de la jeune illustratrice formée sur les prestigieux bancs de la HEAR, dans les pages de notre dernier magazine, Sugar Sugar. Gourmands nous aussi, on en a profité pour lui poser quelques questions.

Avec ses douces illustrations au crayon, à la gouache ou encore à l’encre, Lisa Blumen avait attisé notre curiosité depuis un petit moment. Autrice du sublimement poétique La vérité sur les fantômes et de plusieurs autres livres pour enfants, l’illustratrice strasbourgeoise vient tout fraichement de sortir aux éditions L’employé du moi un livre pour grandes personnes qui était également son projet de fin d’études : Avant L’oubli.

Salut Lisa, comment es-tu devenue illustratrice ?

Je suis fille unique. Je me suis donc pas mal ennuyée étant petite. Ma principale occupation était de dessiner tranquilou, dans mon coin. Au collège j’ai rencontré une amie dont la mère, Nelly Blumenthal, est illustratrice. Je la trouvais hyper cool et elle m’a fait me rendre compte que c’était un vrai métier. Je l’idéalisais tellement que j’ai repris une partie de son nom comme nom de plume pour la première histoire que j’ai écrite… et depuis, c’est resté !

Ce que j’aime le plus avec le dessin est le fait de raconter des histoires. Tu peux faire un super scénario, organiser tout un plateau de films et avoir les meilleurs comédiens du monde pour zéro euro. Juste avec ta patience (ta sueur et tes larmes), tu peux plonger n’importe qui dans une histoire.

Illustration pour Kiblind Sugar Sugar

Peux tu nous expliquer ta création pour Kiblind Sugar Sugar ?

Je ne suis pas une grande fan de l’univers culinaire. Visuellement, ça ne me parle pas trop. Donc au début, ce thème m’a fait un peu peur. Et puis le sucre, les pâtisseries, c’est quand même autre chose que de l’alimentaire : c’est du plaisir. Je repensais à une phrase d’un ami qui avait vu tout un amas de pâtisseries étalées et qui avait dit « mais… c’est obscène ! ». Ça m’a plu cette idée d’orgie irrépressible de sucre, de luxure, cet amalgame entre gourmandise et sensualité. J’ai ensuite pensé au film Marie-Antoinette (de Sofia Coppola) avec ses couleurs pastels et ses costumes luisants comme des bonbons. Et puis l’image de ces deux comtesses coquines s’est formé, avec ce jeu, faussement innocent entre elles, qui a l’air délicieux.

BD pour la revue Topo

Peux tu nous présenter les projets qui ont été les plus importants à tes yeux ?

Avant l’oubli

 Mon projet de fin d’études à la HEAR, qui sort chez L’employé du moi. C’est l’histoire qui m’a suivi le plus longtemps et qui m’a vu le plus évoluer (je l’ai commencé l’été 2018!). C’est une bande dessinée de 250 pages sur la fin du monde. Ça ne parle pas de cataclysme ou d’histoire de survie, mais d’un moment suspendu, juste avant l’explosion, de cette latence, où on sent que quelque chose de grave va arriver et qu’on ne peut rien y faire à part attendre que ça arrive. Ce projet regroupe tous les thèmes qui me sont chers : la lenteur, les sentiments et les relations entre individus, mais le tout avec un humour un peu absurde, pour désamorcer la gravité et finalement parler de la vie plutôt que de la fin.

La vérité sur les fantômes

Un autre sujet récurrent dans mes dessins est le fantôme. Je me rends compte que toutes mes histoires parlent à un moment ou à un autre de l’absence. Et comme c’est assez compliqué à représenter, beaucoup de cultures ont créé le symbole des fantômes. Je trouve cette image vraiment très touchante, car souvent elle caractérise l’envie de retrouver un être disparu et de masquer leur manque. Pour moi le fantôme n’a donc vraiment rien d’effrayant, et à force de le dessiner, de le faire intervenir dans n’importe quelle situation, j’ai vraiment l’impression qu’il m’est devenu familier.

Topo

Je collabore régulièrement pour la revue Topo. C’est un travail que j’aime beaucoup faire, car ces commandes me sortent un peu la tête des longs projets et viennent raviver la flamme du dessin. Ces planches me permettent aussi d’expérimenter des nouvelles gammes de couleurs (une des choses que je préfère faire). J’aime beaucoup travailler en collaboration avec Renée Greusard pour la rubrique cash sexe, car j’adore son approche décomplexée pour parler de sexualité, surtout face au public adolescent concerné par la revue. Je me dis que j’aurais vraiment aimé lire cette rubrique plus jeune, qu’elle m’aurait fait déculpabiliser et relativiser pas mal de choses… Et savoir ça, que peut-être on peut aider quelqu’un avec ses histoires, c’est vraiment un sentiment qui donne envie de continuer à dessiner !

LISA BLUMEN

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