Qu’elles se matérialisent sur du papier, des supports 3D ou des vêtements, les illustrations d’Inkee Wang ont toujours le même pouvoir enchanteur. On a envoyé quelques questions à l’artiste chinoise suite à son illustration pour Kiblind « Monstres ».
Pas moins de 27 millions d’habitants peuplent la ville de Shanghai, alors on imagine bien que parmi ceux là se cachent potentiellement un paquet d’artistes. Les calculs sont bons. On en connait déjà une : l’illustratrice Yingqi Wang (de son vrai petit nom). Profitant du fourmillement créatif de sa ville, Inkee Wang a développé un style de dessin qui témoigne de son époque et de son environnement. Avec ses personnages aux proportions imposantes et aux dynamiques marquées, l’artiste souligne tout le magnétisme de la jeunesse citadine.
Lorsqu’on lui a demandé de réaliser une création originale pour notre numéro « Monstres » sorti cet hiver, Inkee Wang a décidé de l’axer autour d’une problématique malheureusement dans l’air du temps : la violence verbale qui va de pair avec les réseaux sociaux et internet, en général. On a discuté de cette illustration et de ses projets avec l’illustratrice chinoise.
Salut Inkee Wang. Tu as dessiné une galerie de créatures dans ton illustration pour Kiblind « Monstres ». Peux-tu nous expliquer ce choix et ton idée pour ce thème ?
J’ai crée ces monstres à partir de l’idée de la violence verbale, donc la forme de base de ces monstres sont des bulles de parole. Ils se présentent sous de nombreuses formes et ces formes expriment beaucoup de propos qu’on peut lire en ligne et qui sont terribles.
Peux-tu nous donner ta propre définition d’un monstre ?
Je vais sur internet tous les jours et je vois de la violence verbale à chaque seconde. Ces monstres là n’ont pas de forme réelle, mais ils sont très effrayants et proches de chacune de nos vies. Pour moi, ces personnes sont celles qui s’apparentent le plus à un monstre. Bien sûr, il s’agit toujours d’êtres humains derrière ces profils numériques. Les gens s’imaginent des monstres et en deviennent par la force des choses.
Quelles sont tes principales influences pour ton travail ?
Mes principales influences viennent de ma vie quotidienne, des amis que je rencontre, des livres que je lis, des sites web que je visite.
Tu dessines des personnages humains, des animaux et des personnages plus abstraits. Quel type de personnages préfères-tu dessiner et pourquoi ?
J’aime dessiner des personnages humains, mais parfois quand je dessine des animaux, ils ressemblent également à des humains comme ils ont les mêmes corps.
Tu as pu apposer tes illustrations sur des supports 2D et 3D tels que des jouets et des autocollants à bulles. Quel médium aimerais-tu expérimenter prochainement ?
Je veux développer mes compétences 3D, mais cela prend du temps, étudier la 3D est un long processus. Et en même temps, je ne veux pas arrêter mon dessin 2D, j’aime dessiner pleins de choses.
Peux-tu nommer 3 projets sur lesquels tu as travaillé et qui étaient importants pour toi et nous dire pourquoi ?
Cry Cry Project : C’est un projet d’auto-pratique, j’essaie de créer des emojis avec des expressions de pleurs, et j’essaie également de jouer avec le langage graphique en même temps. Personnellement, j’aime pleurer et j’ai découvert qu’il existe de nombreuses situations dans lesquelles nous pouvons utiliser les pleurs pour exprimer nos émotions : pleurer quand nous sommes trop heureux, pleurer quand nous sommes trop reconnaissants, pleurer quand nous nous ennuyons trop… Et ainsi de suite.
Special K : C’est une bande-dessinée que j’ai dessinée en 2018 publiée par une de mes maisons d’édition indé préférées : KUS! Cette mini série comprend 28 pages pleine de couleurs. La contrainte donnée par KUS! était d’orienter la thématique autour d’un héros moderne. Mon inspiration principale pour cette BD a été un jeu que j’adore : PUBG (ndlr. le jeu vidéo PlayerUnknown’s Battlegrounds). Je me suis consacrée sur la scène où la star de WarLife Battlegrounds est surprise en train de tricher et que ses fans perdent espoir. La paix se répand ensuite tout au long du jeu.
Girls Project : C’est un projet d’auto-pratique, j’ai dessiné une série d’illustrations sur les filles. Je peux toujours m’amuser lorsque je dessine différents types de filles avec des poses différentes. J’aime dessiner leur grand corps et qu’il en ressorte un sentiment de force. J’ai également une autre série similaire appelée : « Girls with Guns ».