Les Gens du Mag : Hippolyte Jacquet

Avec son coup de crayon acéré et ses paysages bluffants, Hippolyte Jacquet nous emmène à chaque illustration. Pour notre numéro Faits Divers, nous lui avons demandé de s’attaquer à un artiste ayant aussi un talent certain, mais l’utilisant, lui, pour escroquer les gens : Wolfgang Beltracchi. On a profité de cette occasion pour poser des questions à Hippolyte Jacquet, le vrai.

« Oh tiens, quelle est jolie cette façade », vous direz-vous peut-être un jour en passant devant un immeuble aux caractéristiques remarquables. Puis vous l’oublierez quelques heures plus tard, comme un vieux souvenir brumeux. L’illustrateur super bionique Hippolyte Jacquet lui, ne l’oubliera pas. Le compas dans l’oeil, le Valentinois scrute, scanne et mémorise les moindres recoins des bâtiments et paysages qui nous entourent pour les capturer à tout jamais dans son esprit. L’histoire aurait pu s’arrêter là si celui-ci n’était pas aussi fort pour les dessiner ensuite. Qu’il s’agisse de buildings vitrés, de maisons en pierres ou de végétation, l’illustrateur sculpte le paysage avec une précision renversante. Il y intègre des jeux de lumière plus vrais que nature et de délicieux détails. Egalement passionné par le cinéma et formé en animation à Emile Cohl, Hippolyte a des rêves de court-métrage et nous les approuvons totalement.

Pour notre numéro Faits Divers, nous lui avons justement demandé de dessiner l’escroc le plus hollywoodien du milieu de l’art : Wolfgang Beltracchi, ce faussaire s’étant spécialisé dans la reproduction de tableaux de maîtres. On a profité de cette illustration pour poser quelques questions à Hippolyte Jacquet.

Illustration du fait divers sur Wolfgang Beltracchi pour Kiblind Faits Divers

Quel est le fait divers qui t’as le plus marqué ?

Alors le premier qui me vient et qui m’intrigue encore énormément, c’est l’histoire de l’architecte de la Scampia à Naples qui voyant la tournure que prenait le quartier qu’il avait inventé (traffic de drogue, mafia…) ne supporta pas et fini par se suicider. Je ne sais pas si cette histoire est authentique, mais je la trouve très puissante.

Connaissais-tu l’affaire du faussaire d’art Wolfgang Beltracchi, et comment as-tu appréhendé l’exercice qu’on t’as demandé de faire pour le numéro Faits Divers ?

Non, je n’en avais jamais entendu parler. J’ai dû me renseigner sur l’affaire. J’ai commencé par regarder quelques documentaires et articles, puis j’ai épluché internet pour avoir le plus d’images en tête : des images des tableaux, des visages des Beltracchi, de leurs dégaines, de leurs maisons… Au départ, j’ai voulu trouver un visuel qui pourrait résumer à lui seul toute l’affaire mais j’aurai laissé trop de détails en chemin, alors je suis parti sur plusieurs éléments qui cohabiteraient ensemble dans la même illustration.

Il y a un gros travail au niveau de la composition dans ta création, est-ce que tu peux nous expliquer les différentes histoires que tu as voulu raconter ici ?

L’idée était principalement d’illustrer Beltracchi, à peine dissimulé derrière sa toile, trichant allègrement au nez et à la barbe du marché de l’art, qui dans cette histoire, donne l’impression de ne pas avoir trop voulu voir l’arnaque. Mais il y a aussi tout un tas d’anecdotes autour de cette affaire qui la rendent encore plus fascinante et que j’ai représenté dans un bandeau en bas de l’image : la création de fausses étiquettes à l’effigie d’un collectionneur, une photo montée de toute pièce pour prouver l’existence d’un tableau, l’utilisation de café pour vieillir l’aspect de faux documents… Je trouvais ça important que tous ces éléments soient présents pour bien rendre l’aspect rocambolesque de l’affaire.

Zabriskie Point, illustration pour la revue La Septième Obsession

De ce qu’Instagram nous laisse voir de tes créations, tu as l’air d’avoir beaucoup dessiné l’architecture et le cinéma. Quels sont les thèmes que tu préfères illustrer et pourquoi ? 

Effectivement, l’architecture m’inspire énormément, la ville aussi, les immeubles, les intérieurs. Souvent les lieux et espaces très radicaux dans leurs formes, leurs dimensions, ou leur côté épuré. Plus largement, je crois que ce sont les décors qui m’intéressent. Je pense qu’à eux seuls, ils peuvent évoquer énormément de sentiments et d’émotions chez le spectateur. Et évidemment, le cinéma, parce que c’est un réservoir immense d’images belles et marquantes.

Où t’es-tu formé en illustration ?

J’ai fait deux ans en école d’architecture où je pense m’être beaucoup nourri en terme d’influences. Puis je suis rentré à l’école de dessin Emile Cohl dans la section animation. C’est ensuite que j’ai véritablement fait de l’illustration, d’abord pour me constituer un book de travaux personnels et ensuite répondre à des commandes.

Part Dieu, dessin personnel

Quel serait ton projet de rêve en termes d’illustration ? 

J’ai des tonnes d’envies concernant l’illustration, mais peut-être que mon projet de rêve serait de faire une BD. C’est peut être classique comme ambition mais c’est ce que je veux faire depuis l’enfance.

Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été importants pour toi depuis que tu dessines ?

Le premier projet qui a eu de l’importance pour moi, c’est le film de Jérémy Clapin, J’ai Perdu mon Corps, sur lequel j’ai fait des décors. Ce n’est pas de l’illustration, mais c’était la première fois que je travaillais sur un long-métrage. Je garde un très bon souvenir de cette expérience. Et puis le graphisme et le film me plaisent toujours autant.

Vent d’Est, dessin personnel

Il y a aussi eu ma première commande d’illustration venant de l’éditeur d’affiches PLAKAT. C’était un projet très ambitieux pour une première expérience. Je devais me frotter à la création d’affiches de cinéma, en sérigraphie, et d’un film que j’estime énormément (trop ?) : Le Mépris. Ça n’a pas été simple, mais le résultat m’a permis d’avoir d’autres commandes par la suite et de véritablement me lancer dans l’illustration.

Le Mépris, affiche pour PLAKAT

Et le troisième projet n’a pour l’instant pas d’importance mais j’aimerais beaucoup qu’il en prenne à l’avenir ! Je souhaiterais faire un court-métrage sur une maison de campagne. Pour l’instant, je n’ai que quelques images mais je tiens beaucoup à ce projet, alors peut-être qu’il verra le jour, un jour…

Apiry, dessin personnel

HIPPOLYTE JACQUET // KIBLIND FAITS DIVERS

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