Les Gens du Mag : Chloé Farr

Pour le dernier numéro de KIBLIND Magazine, la talentueuse Chloé Farr a joué le jeu de la création originale sur le thème Bla Bla Bla. Avec une narration savamment construite, elle nous démontre que non, le bavardage n’est pas forcément négatif. Rencontre avec Chloé Farr pour qui le bla bla, le chignon effet coiffé-décoiffé, tout comme l’illustration, sont tout un art.

Si vous pensiez déjà voir la vie en couleurs, attendez de voir le travail de Chloé Farr. Dans l’univers de l’illustratrice française, elles sont nombreuses, mélangées, vibrantes. Elles sont aussi la porte ouverte à l’imagination, une invitation à la rêverie, de celles qui donnent envie de s’échapper dans de jolis univers que l’on aimerait éternels. 

Heureusement pour nous, Chloé Farr est au four et au moulin, arborant de multiples casquettes créatrices : réalisatrice, scénariste, directrice de la photo, monteuse, créatrice de décors, d’animations et d’effets spéciaux… Si la liste est longue, c’est que cette diplômée de la section animation des Gobelins en 2021, actuellement étudiante en réalisation à La Poudrière, à des idées plein les poches et du talent plein les mains, qu’elle partage sans peine. Et nous, on en prend plein les yeux.

illustration kiblind magazine n°85 Bla bla bla - Chloé Farr "Blahblahblah"
Création originale pour KIBLIND Magazine n°85

Bonjour Chloé ! Pour ton illustration, tu as souhaité retranscrire en image le côté positif de la discussion. Pourquoi le “blabla” est perçu de façon négative à ton avis ?

J’ai l’impression que c’est associé à des discussions creuses, sans profondeur, presque superficielles, qui meublent. Peut-être que c’est l’onomatopée du mot qui veut ça, d’avoir trois fois le même son, « Bla-blah-blah », il y a un côté répétitif, rébarbatif, comme si le troisième « blah » allait tomber d’une table ou d’une falaise.

au revoir Jérome Chloé Farr
Extrait du court métrage Au revoir Jérôme !

Tu fais plutôt partie des gens qui parlent ou qui écoutent ?

Ça dépend des périodes de ma vie… J’essaie de rester sur un bon 50/50, mais il y a clairement des moments où je bascule d’un côté ou de l’autre !

Dans ton travail, le style de tes illustrations fait référence à une esthétique douce et rétro qui évoque d’anciens dessins animés. Quelles sont tes influences ?

Visuellement, l’âge d’or de Disney, c’est-à-dire de 1937 à 1967, tout particulièrement La Belle au bois dormant et Alice au pays des merveilles qui m’éveillent toujours autant comme si c’était la première fois que je les visionnais. Il y a le film d’animation Yellow Submarine de George Dunning, dans lequel j’aime beaucoup les proportions des personnages. J’essaie de les garder à l’esprit quand je dessine, tout comme les designs et les formes de Little Nemo de Winsor McKay, que je feuillette quand je ne sais plus où me diriger artistiquement. Il y a comme ça des œuvres visuellement impactantes auxquelles je me réfère souvent, des classiques.

Extrait du court métrage Les pissenlits par la racine

Après, il y a plein d’autres choses bien sûr, Utena Revolutionary Girl, un anime qui est compliqué à regarder car très répétitif selon moi, mais j’aime vraiment les formes, les silhouettes et le ton (Utena est trop cool aussi). Et, pour rester dans l’animation japonaise, le collectif de mangaka CLAMP, avec Sakura Card Captor, le manga initial de 1996 que je trouve très beau.

D’ailleurs, tu produis aussi de nombreux contenus animés très poétiques, pour toi qu’est-ce-que l’animation apporte à l’illustration ?

Eh bien, ça me semble être une suite possible, bien que ce ne soit pas simple d’animer une illustration, il y en a qui ont tout simplement vocation à rester fixes et c’est merveilleux ! Tout n’est pas simple à faire bouger. On peut se permettre des choses en illustration que l’on peut moins en animation et inversement. Quand je travaille sur des gifs ou des films, j’imagine l’animation comme de l’illustration qui bouge, en tout cas c’est souvent comme ça que je compose des images. C’est magique de voir un univers entièrement illustré ne ressemblant à rien de réel bouger !

Chloé Farr

Quels sont tes outils et méthodes de travail lorsque pour mener à bien un projet ? 

Je passe d’abord par des carnets de croquis, j’y suis très attachée, c’est là où j’élabore mes recettes. J’essaie aussi de créer un joli objet à feuilleter, bien que ce ne soit pas toujours évident, ce n’est pas simple de faire un « beau » carnet de croquis. C’est comme faire un chignon effet coiffé-décoiffé, c’est super dur à faire !

illustration carnet personnel Chloé Farr croquis Au revoir Jérôme !
Extrait de carnet personnel

Ensuite, j’essaie de garder un entre-deux entre le numérique et des techniques « concrètes » comme la peinture ou les crayons de couleur. Je fais souvent mes décors à la peinture et l’animation au numérique. Je travaille pour l’instant exclusivement avec le logiciel TVPaint pour l’animation.

illustration carnet personnel Chloé Farr
Extrait de carnet personnel 2

Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été marquants pour toi et nous dire pourquoi ?

Je pense d’abord aux premiers gifs que j’ai faits. Ça a été une révolution pour moi, parce que je pense que je rêvais d’en faire depuis longtemps et que je n’étais pas sûre d’en être capable. J’ai compris que j’aimais en faire et que j’essaierais d’en faire souvent pour développer plein d’univers.

Chloé Farr animation GIF
Extrait d’un GIF

Il y a bien sûr Au revoir Jérôme, mon film de fin d’étude des Gobelins co-réalisé avec Gabrielle Selnet et Adam Sillard. Ce film a été un moment d’expériences narratives et visuelles très intéressantes pour moi, j’ai l’impression de m’être lâchée ! L’élaboration de ce film m’a inspirée profondément à tout point de vue.

illustration kiblind magazine n°85 Bla bla bla - Chloé Farr "Au revoir Jérôme" affiche court métrage
Affiche du court métrage Au revoir Jérôme !

Et enfin, un petit film d’une minute que j’ai réalisé à l’école de la Poudrière, nommé Ketchup. L’exercice de réaliser un film si court a été très formateur. Il a posé cette question : comment raconter une histoire intéressante en seulement une minute. Depuis, c’est une unité de mesure narrative que je garde en tête quand j’écris une histoire. C’est aussi à partir de ce film que j’ai aussi compris adorer écrire des dialogues.

illustration kiblind magazine n°85 Bla bla bla - Chloé Farr Ketchup
Extrait du court métrage Ketchup

CHLOÉ FARR // KIBLIND BLA BLA BLA

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