Les Gens du Mag : Camille Potte

L’illustratrice Camille Potte – et dresseuse de grenouilles à ses heures perdues – nous a dit un grand oui lorsqu’on lui a demandé de dessiner le morceau « on a marché sur la lune  » de Voyou pour notre numéro « Cover ». Il était temps de discuter un peu.

Elle pourrait s’enfermer dans une routine, y trouver du réconfort même. Mais non, ce qu’aime Camille Potte, c’est s’amuser et elle a bien raison. Ses personnages aux courbes cartoonesques et au trait épais, elle les fait vivre sur des vêtements, dans des fanzines, sur des affiches de concerts et même dans des vidéos. Parfois, elle les met en scène au service de sujets sérieux, comme avec son fanzine Benoît, vrai récit du quotidien d’un jeune homme dans un centre médicalisé. D’autres fois, ils paraissent plus naïfs. Et c’est justement ce qu’on adore chez Camille, cette liberté de traiter de vrais sujets tout en les rendant plus légers et puis aussi, parfois, de simplement vouloir dessiner des grenouilles qui jamment ensemble. Pour le bien de l’humanité.

Trop curieux, nous lui avons envoyé le morceau « on a marché sur la lune » de Voyou en lui demandant de le dessiner pour notre numéro « Cover ». La réponse était pour le moins inattendue avec une cover dans la cover et un gros big up à Hergé. Tout en un.

« On a marché sur la lune » de Voyou (Enteprise) illustré par Camille Potte

Hello Camille ! Pour notre numéro Cover, on t’as demandé de réaliser un exercice un peu spécial : illustrer un morceau. Quel(s) sentiment(s) as-tu ressenti la première fois que tu l’as écouté ?

Salut ! C’est assez dur à dire car à la première écoute, j’étais déjà en train de me projeter dans le dessin, du coup, j’étais globalement plutôt dans un mode «concentration», mais je sais pas si ça compte comme un sentiment. Ce que je sais en revanche, c’est que j’ai eu le morceau de Voyou dans la tête pendant tout le reste de la journée.

Peux-tu nous décrire ton illustration finale ?

Le morceau s’appelle «On a marché sur la lune». J’ai rarement eu une opportunité aussi claire de pouvoir dessiner la X-FLR6. Et puis ce que je trouvais intéressant, c’est que l’illustration devenait une double «cover» : la cover d’une chanson mais aussi la reprise à ma façon du dessin d’Hergé.
Dans la chanson, il me semble que Voyou évoque avec ironie les conquêtes de l’être humain. En écho à ça, la fusée est devenue, dans mon dessin, la monture d’un petit cow-boy, l’archétype du personnage longtemps présenté comme un conquérant. J’ai eu envie de juxtaposer cette idée à la relecture de Voyou.

Mixtape illustrée Kiblind avec en couverture, l’illustration de Camille Potte

Déformation professionnelle : t’arrives-t’il de penser immédiatement en terme de visuel quand tu écoutes une musique ?

Oui ! Pas forcément en terme de dessin, mais en images c’est sûr.
D’ailleurs, en ce moment, je me demande si l’inverse peut-être vrai, si un.e musicien.ne peut regarder une image en la pensant en son et j’aimerais développer un projet dans ce sens.

On parle principalement de pochettes de disques dans notre nouveau magazine. Y en a t’il une qui t’as marqué plus que les autres graphiquement ?

Enfant, j’ai été très frustrée par la pochette du vinyle de Cheap Thrills dessinée par Crumb, parce que je n’arrivais pas à en comprendre la BD (en fait ce n’est pas une BD, c’est juste une série d’illustrations dans des cases).
Sinon, je crois que les pochettes des Cramps m’ont toujours rendues assez dingues, surtout à cause de la typographie de leur logo. Et celle de l’album Foxtrot de Genesis (à regarder dépliée).

Cheap Thrills de Big Brother & The Holding Company
Boots
Tiags

Dans ton travail, tu t’inspires de la BD underground des années 70. Peux-tu nous citer quelques uns des chef d’oeuvres qui trônent sur tes étagères ?

Pour ce qui est des années 70, là j’ai la monographie de Robert Crumb (je lui ai pardonné le coup de la pochette). Sinon dans mon atelier j’ai surtout des choses plus récentes, notamment La Fourmilière de Michael Deforge, Schappi d’Anna Haifisch, Building Stories de Chris Ware et un Mafalda.

Dormir Manger Encombrer Ranger
L’Air qui fait venir le Diable

Quelles sont les histoires que tu préfères raconter à travers tes dessins ?

Hyper dur comme question. Je dirais que ce que je préfère, c’est créer un renversement, un univers étrange où on retrouve quelques éléments de normalité, ou l’inverse. Je pense que c’est aussi ça que j’essaye de faire quand je tords les lignes de mes dessins, j’essaye d’approcher de l’endroit où on est plus trop sûr de ce que c’est.

Peux-tu nous parler de 3 projets que tu as réalisé et qui ont été particulièrement marquants pour toi jusqu’ici ?

Cette année, j’ai réalisé mon premier clip en animation. J’ai tout fait toute seule, ça a été un travail de fourmi. Il sortira en septembre, la chanson s’appelle «Cat’s Dance» et le groupe hésite encore entre plusieurs noms. Ça m’a donné très envie de continuer dans cette direction et depuis j’ai réalisé plusieurs petites animations.

Cat’s Dance

J’ai aussi mis en page et dessiné ma première pochette de vinyle pour le label Cartelle, un label féministe dont la première sortie est une compilation. J’ai adoré travailler pour elles sur ce projet et je suis très fière du résultat.

Cartelle

Sinon je crois qu’une de mes collaborations les plus marquantes a été celle avec le musicien David Numwami, pour qui j’ai dessiné des covers de single, des illustrations pour son album, des animations pour un clip et que j’ai même accompagné sur scène pendant un concert. Son projet me plaît énormément, je suis ravie d’avoir pu l’accompagner. 

Illustrations réalisées pour David Numwami
Mixtape illustrée Kiblind – Disponible en exclusivité dans
notre atelier lyonnais et dans notre boutique au 104 à Paris

KIBLIND COVER // CAMILLE POTTE

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