Les Gens du Mag : Aude Bertrand

Ravis de compter l’illustration d’Aude Bertrand réalisée à partir du morceau « Hurricane » de Fils Cara dans les pages de Kiblind « Cover », nous en avons profité pour nous lui envoyer quelques gentilles questions.

Aude Bertrand aurait pu se contenter de garder l’illustration en simple loisir, comme c’était le cas il y a peu de temps. Mais heureusement pour nous, ce n’est pas arrivé. Ses feutres à alcool fermement installés entre ses doigts, Aude Bertrand dessine des images narratives et poétiques d’une douceur sans pareille. Si le rendu est si joli, le procédé l’est encore plus lorsque l’on sait qu’Aude se sert de son art pour s’approprier les œuvres qu’elle affectionne en les dessinant.

Grâce à la maison d’éditions qu’elle a co-fondé avec John Le Neué, Microgram, Aude Bertrand se balade de festival en festival avec sous le bras, ses fanzines de bandes dessinées et une collection de fanzines glanés ci et là rendant hommage à une passion universelle : la bouffe. Hyperactive, elle en profite même pour créer son propre micro festival d’illustration : Graphic Bazar. Entre deux projets exaltants, nous avons demandé à l’illustratrice de réaliser un challenge qui ne lui est pas inconnu : dessiner une illustration à partir d’un morceau. De la gnognotte pour cette spécialiste qui depuis deux ans, consacrent ses Inktobers à cette même pratique.

« Hurricane » de Fils Cara illustré par Aude Bertrand

Hello Aude ! Pour notre numéro « Cover », on t’a demandé de réaliser un exercice un peu spécial : illustrer le morceau « Hurricane » de Fils Cara. Comment as-tu reçu cette demande ? 

J’étais très contente d’illustrer ce morceau parce que j’écoute Fils Cara depuis (presque) ses débuts et je suis un peu le label, j’étais allée à leur festival Glouglou l’été dernier ! Et c’est marrant parce que j’avais justement fait une illustration inspirée du morceau « Derniers dans le monde » de Fils Cara il y a deux ans.

Peux-tu nous parler de l’illustration que tu as réalisée en t’inspirant de ce morceau ? 

Dès le début, je savais que je voulais illustrer la phrase « J’fais des ricochets sur le Hurricane ». Je trouve l’image forte et elle reflète bien le morceau qui parle d’un personnage perdu, un peu à contre-sens. Dans mon travail en général, j’aime beaucoup le décalage entre une situation du quotidien et un environnement un peu fantastique alors la phrase me parlait. Et puis j’étais dans une période où je faisais souvent revenir ce motif de tornade, nuage, vent, etc. donc ça tombait bien !

Mixtape illustrée Kiblind avec en couverture, l’illustration de Aude Bertrand

Tu fais régulièrement ce genre d’exercice en dessinant des morceaux que tu aimes. Qu’est-ce qui te plait là dedans ? 

Oui, ces deux dernières années j’ai participé à l’inktober en illustrant chaque thème avec un morceau. Comme j’aime beaucoup l’aspect narratif d’une illustration, partir des paroles d’un morceau pour composer une image, c’est un bon point de départ. Il y a quelque temps, je reproduisais beaucoup de captures d’écrans que je prenais en regardant des films. Et comme pour les morceaux, ce qui me plaît là dedans c’est aussi le fait de prolonger son expérience avec une œuvre qu’on aime, créer un lien particulier.

On parle principalement de pochettes de disques dans notre nouveau magazine. Y en a t’il une qui t’as marqué plus que les autres graphiquement ?

Une pochette que j’adore – mais aussi tout le livret du CD – c’est celle de l’album Contre-temps de Flavien Berger. C’est une sorte de figure sphérique faite de visages en argile aplatis et étirés. L’artwork est de Juliette Gelli et Maya de Mondragon qui a fait la sculpture en argile. Après, c’est juste que j’étais obsédée par cet album donc forcément aussi par l’univers visuel qui allait avec.

Contre-Temps de Flavien Berger

Tu tiens avec John Le Neué, les éditions Microgram. Peux-tu nous parler de vos publications et actions ? 

Oui ! Avec Microgram on fait de l’édition, on édite à la fois nos projets mais on collabore aussi avec des artistes dont on aime le travail. On tient aussi une collection de fanzines et micro-éditions en lien avec la nourriture qui s’appelle « Le fond du frigo ». En fait, ça faisait longtemps qu’on achetait des zines sur la cuisine et on s’est dit que ça serait super d’agrandir la collection et surtout de la rendre accessible à tout le monde. Donc c’est une sorte de bibliothèque itinérante qu’on emmène avec nous à tous les festivals où on expose pour que les visiteur·se·s puissent lire, découvrir, feuilleter ces belles éditions. Et enfin, on organise des événements autour de la micro-édition. On a déjà fait deux éditions de Graphic Bazar. Un festival d’arts visuels d’artistes du sud de la France. Et là, on est en train de préparer pour la rentrée le festival Festin, où on organisera plusieurs événements autour de la cuisine dont l’exposition Assiettes Partagées à En traits Libres à Montpellier, qui est une exposition autour du fanzine Ingrédients, créé par l’association marseillaise Le Bouillon de Noailles.

Tes illustrations et compositions sont toujours très poétiques. Quels sont les messages que tu as envie de véhiculer à travers elles ? 

Je pourrais pas vraiment dire que je réfléchis à un message à véhiculer quand je dessine. Souvent ce sont les personnes qui regardent l’illustration qui lui en trouvent un mais que j’intellectualise pas vraiment avant. Mais par contre j’ai beaucoup de mal à faire une illustration sans qu’elle s’inscrive dans un récit. Il faut que ce soit comme un photogramme pris au milieu d’une séquence, qu’on sente que le personnage est en plein milieu de quelque chose.

Ta palette de couleurs est immédiatement reconnaissable. Comment en es-tu arrivée à l’assemblage de ces couleurs en particulier ? 

Pendant le confinement, j’ai beaucoup travaillé avec de l’écoline. Ma mère m’avait offert 5 flacons : du cyan, du jaune, du magenta, du noir et du blanc alors obtenir mes couleurs, je devais apprendre à faire des mélanges et je comptais le nombre de gouttes qu’il fallait de chaque pour avoir les couleurs qui me plaisaient : je commençais à composer ma palette. Mais j’avais depuis longtemps envie de tester les feutres à alcool donc dès que le confinement a été levé, je suis allée m’en acheter. J’en ai pris que 5 ou 6 pour tester parce que ça coûte assez cher et donc pour avoir des teintes supplémentaires je jouais avec la superposition des couches de feutre. Au final, j’avais toujours un peu la même palette qui s’est agrandie au fur et à mesure où je m’achetais des feutres. Et même si aujourd’hui j’en ai une bonne collection, j’utilise presque toujours les mêmes!

Peux-tu nous parler de 3 projets que tu as réalisé et qui ont été particulièrement marquants pour toi jusqu’ici ? 

Le premier, c’est un fanzine de bande dessinée que j’ai fait il y a 2 ans qui s’appelle Au travers du rayon. C’était une histoire un peu plus longue que ce que j’avais fait jusque là et qui m’a beaucoup marquée. A tel point qu’à la rentrée, je fais une résidence BD à Colomiers pour développer cette histoire là en projet long, j’aimerai beaucoup poursuivre ce que j’ai fait avec ces personnages.

Au travers du rayon d’Aude Bertrand

Ensuite, le deuxième projet c’est aussi un fanzine de bande dessinée que j’ai sorti en mars et qui s’appelle Fleurissent les antennes. Cette fois-ci, l’histoire était un peu plus légère mais je me suis vraiment mis des défis sur l’édition de l’objet : c’est un petit livre tout cousu à la main, avec une couverture qui forme un dos carré et une jaquette qui se déplie en affiche. Le tout imprimé en riso en 200 exemplaires, c’était un sacré boulot.

Et le dernier, je dirais finalement que c’est l’inktober de l’année dernière, que j’ai fait parce que le défi m’avait plu l’année précédente. C’était un rythme assez dur à tenir à chaque fois parce que j’avais un travail à temps plein à côté donc je me levais plus tôt le matin pour commencer et je continuais le soir jusqu’à tard. Et en fait avec le recul, j’ai pu voir comme ça m’a fait évoluer et progresser dans mon travail. Aussi, ça m’a indirectement servi de portfolio parce que j’ai été contactée pour la première fois pour des projets pros suite à la publication de ces illustrations sur Instagram, ce qui était flatteur pour moi qui gardait l’illustration simplement comme loisir pour l’instant.

Inktober
Mixtape illustrée Kiblind – Disponible en exclusivité dans
notre atelier lyonnais et dans notre boutique au 104 à Paris

KIBLIND COVER // AUDE BERTRAND

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