Par son humour, ses sous-entendus et ses illustrations impactantes, l’artiste Andrey Kasay nous fascine. En une seule création originale réalisée pour notre numéro « Cash », l’illustrateur berlinois a réussi, sans le moindre mot, à pointer du doigt plusieurs travers de notre société. On a posé quelques questions à cet amoureux du surréalisme.
Andrey Kasay est un artiste, illustrateur et motion designer basé à Berlin. Inspiré par l’Extrême-Orient d’où il est originaire, Andrey nous invite à regarder le monde contemporain avec humour et bizarrerie. Avec des couleurs frappantes, des gags, des métaphores, un contour noir marqué et distinct dans ses illustrations et ses animations, il porte un regard satirique sur ce qui l’entoure, le marque et le touche dans notre société actuelle.
Conquis par le travail que produit Andrey, nous lui avons proposé de créer une illustration sur la thématique « si j’étais riche » pour notre magazine Kiblind « Cash ». En retour, nous avons reçu une illustration pleine de sous-entendus, faisant figurer un homme dont la cravate ressemble à s’y méprendre à autre chose… Intrigant, n’est-ce pas ? On lui a posé quelques questions sur cette création, et puis sur la vie en général.
Salut Andrey. Pour notre magazine Kiblind « Cash », tu as réalisé une illustration lourde de sens qui dénonce la société consumériste et les hommes qu’elle engendre. Peux-tu nous expliquer plus en détails ce qu’elle dénonce ?
Je dirais qu’elle informe. D’habitude, je n’explique pas mes œuvres parce que je pense que ce n’est pas nécessaire et même pire. Mais c’est l’idée : parler des valeurs de l’entreprise et de la société consumériste. Ce sont mes sujets préférés, mais le plus important pour moi, c’est qu’ils soient traités via des situations amusantes. S’il n’y a pas de fun, c’est merdique.
Dans ce magazine, nous avons écrit un article sur le statut et la rémunération des illustrateurs. Peux-tu nous parler du système de rémunération des illustrateurs en Allemagne dans les grandes lignes ?
Je suis un solitaire et un rebelle donc je n’ai aucune idée de comment cela fonctionne en Allemagne. C’est probablement plus ou moins le même système partout dans l’Union Européenne et aux États-Unis.
On peut voir que tu t’intéresses à différentes techniques liées à l’illustration : le collage, l’illustration numérique, la sérigraphie, l’animation… Comment préfères-tu travailler ?
Je me laisse guider. Je suis une personne paresseuse, donc je préfère faire simple, c’est à dire tout faire numériquement.
On sent que tu aimes travailler la typographie et le lettrage dans tes illustrations. Qu’est-ce que ça te permet de faire passer comme message supplémentaire ?
Ouais, j’adore les lettres, ce à quoi elles ressemblent, peut-être parce que j’étais toujours bien entouré, avec de bons outils ou peut-être parce que mes artistes japonais préférés sont des designers. Quoi qu’il en soit, j’aime utiliser comme éléments graphiques des mots et des phrases qui veulent dire quelques chose. Parfois, je prends du plaisir à ajouter des phrases étranges ou des blagues, mais selon moi, plus il y a des éléments graphiques, plus ça veut dire quelque chose.
Il y a souvent un élément visuel très exagéré et un message satirique dans ton travail. Comment est-ce que tu construis la narration de tes illustrations ?
Oui, comme je disais, s’il n’y a pas de fun, ça ne m’intéresse pas. Je ne sais pas, ça vient juste quand je dessine, marche ou cuisine. Il faudrait que je fasse ces trois choses combinées et peut-être que je sortirai un chef-d’œuvre !
Qu’est-ce qui t’inspires au quotidien ?
La mort.
Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été marquants pour toi et nous dire pourquoi ?
VACATION, c’était ma première exposition où j’ai compris que j’aimais ce format pour communiquer avec un public.
Mes courtes animations et mon projet musical Captain Hell. J’ai toujours aimé les formes courtes d’expressions telles que les GIF’s donc j’ai voulu que mes vidéos ressemblent à ça, mais avec une bande son en plus. Certains d’entre eux contiennent de la musique écrite par Captain Hell. C’est un projet de mon ami Zhdan et moi même qui reflète bien mon travail visuel.
Et le troisième s’appelle The Best From The West. C’est une compilation de mes meilleures œuvres de 2015 à 2019. Elle existe sous forme de livre que vous pouvez encore acheter chez Stolen Books, et c’est aussi une exposition. J’aime particulièrement ce projet notamment grâce à l’exposition que j’ai réalisé deux fois et qui a bien fonctionné les deux fois. L’idée est simple : vous avez juste besoin d’un espace vide avec des murs blancs et des pages détachées du livre The Best From The West, et c’est tout. Rien n’est accroché sur les murs, mais tous les visiteurs deviennent des participants car dès qu’ils arrivent, on leur accroche une page du livre dans leur dos. Et tous circulent dans l’espace, communiquent et se suivent sans savoir la page qu’ils ont dans le dos.