[Employé Modèle] Jules Magistry

Toutes les semaines, on porte au pinacle un illustrateur qu’on aime beaucoup. Cette semaine, focus sur Jules Magistry, jeune magicien des crayons de couleur, accompagné d’une mini-interview pour éviter qu’on dise trop de bêtises.

Nous ne sommes pas les premiers à admirer le travail de Jules Magistry. Nos vénérables et super collègues Papier Magazine et Errratum ont déjà publié le jeune homme pour le plus grand bonheur de nous. Il n’empêche qu’en remettre une couche n’est pas de trop. Les illustrations de Jules Magistry sonnent comme une évidence. Simples, efficaces et touchantes, elle viennent frapper avec délicatesse les adolescents qui sommeillent à jamais en nous. La naïveté des crayons de couleur se mélange subtilement avec la maîtrise du dessin. Là dessus vient s’ajouter la tendresse avec laquelle Jules Magistry traite des personnages qui se débattent dans un perpétuel entre deux.

 

© Jules Magistry
© Jules Magistry
© Jules Magistry
© Jules Magistry
© Jules Magistry
© Jules Magistry
© Jules Magistry
© Jules Magistry
© Jules Magistry
© Jules Magistry
© Jules Magistry
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Kiblind : Pourrais-tu nous raconter comment tu en es venu à l’illustration ?

Jules Magistry : J’ai toujours adoré dessiner depuis que je suis tout petit, et j’ai continué adolescent en recopiant mes comics et mes Dragon Ball Z comme beaucoup de jeunes garçons. Mais depuis tout aussi jeune je voulais avant tout être avocat et j’ai donc fait un tour très, très rapide en fac de droit. J’ai donc, après ça, tout remis à plat, et l’art d’abord, puis le dessin est devenu la seule chose que je pouvais faire.

 

Kiblind : Quelles études as-tu fait ?

Jules Magistry : J’ai donc fait des études d’arts appliqués à LISAA, avec la réserve de pouvoir faire du graphisme si je ne pouvais pas dessiner. J’ai passé 3 ans là-bas avec un cours d’illustration par semaine et beaucoup de graphisme. J’ai eu mon diplôme de graphic designer tout en sachant que je n’allais pas trop l’utiliser de manière professionnelle. Et depuis je me suis dédié uniquement à l’illustration.

 

Kiblind : Quelle technique utilises-tu ?

Jules Magistry : Je travaille uniquement aux crayons de couleurs. J’établis la base de mon illustration au crayon bleu puis je colore en couleurs directes sur mon illustration. J’avais l’habitude, il y a quelques temps, de ne travailler qu’au crayon de papier, en noir et blanc. La couleur a été une bonne grosse libération. Après mon passage aux crayons de couleurs j’applique parfois des contours et quelques traits au Rotring.

 

Kiblind : Quel sont les thèmes qui t’inspirent ?

Jules Magistry : J’avoue avoir quelques obsessions bien claires : l’adolescence, la violence et la masculinité. Traiter de l’adolescence me permets d’y mettre la violence et la masculinité dans une prémisse aussi explosive que sensuelle. L’adolescence comme un courte période vécue de façon très longue et très mélancolique. Et toutes les figures d’hommes ou de jeunes hommes que j’ai me viennent beaucoup du cinéma et de la littérature. Il y a Gregg Araki avant tout, Gus Van Sant mais aussi Jean Genet, Cocteau etc. C’est un peu aussi, se créer un « panthéon homosexuel ». La violence dans tout ça c’est surtout pour moi la plus grande violence adolescente contemporaine : les tueries en milieu scolaire qui ont d’abord été romancées par les médias mais qui doivent continuer à l’être par l’art. Ça ne doit pas être un scandale médiatique mais une compréhension du malheur adolescent dans le monde contemporain. Toutes ces atmosphères sont baignées dans l’époque de mon enfance : les années 90.

 

Kiblind : De quels autres illustrateurs admires-tu le travail ?

Jules Magistry : J’en aime beaucoup, mais beaucoup moins qu’en littérature. Par contre à côté de ces auteurs (presque tous) morts je suis heureux d’avoir surtout des contemporains à admirer. Il y a Bastien Vivès d’abord, qui conjugue toutes les influences manga et animés avec lesquelles toute une génération a grandi pour y ajouter quelques choses et avec une grande liberté de sujet. Simon Roussin pour les qualités plastiques folles de ses illustrations. Quelques artistes de comics comme David Aja, Chris Samnee ou Ed Piskor me plaisent énormément ou encore l’artiste contemporain Soufiane Ababri pour son travail sur la domination, la masculinité et l’homosexualité. Mais le grand artiste que j’admire est surtout Jiro Taniguchi, ses capacités de narrations sans parole et de sentimentalisme me fascinent toujours.

 

Kiblind : Quels sont tes projets à venir ?

Jules Magistry : Je travaille depuis quelques temps sur un livre que je souhaite présenter aux éditeurs, il faut dire que j’ai passé beaucoup de temps à surtout l’imaginer, mais enfin le projet avance bien ! Je travaille aussi sur une nouvelle marque de fringues qu’une amie très talentueuse va lancer en partenariat avec des illustrateurs. Sur l’illustration en soi je dois encore beaucoup travailler sur ma technique et mes sujets. Le problème de ce livre qui prend du temps c’est que j’en ai beaucoup en tête que je voudrais déjà attaquer ! Un de mes rêves serait de pouvoir collaborer sur un comics, la liberté de narration qu’il y a aujourd’hui dans les comics indés et grand public est vraiment folle !

 

Jules Magistry

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