Il y a quelques jours, notre regard s’est arrêté, comme paralysé d’amour, sur le dernier poster réalisé par l’illustrateur catalan Sergi Puyol pour le groupe américain Khruangbin. Il faut dire que l’artiste n’en est pas à son coup d’essai dans le registre. On vous parle de son style percutant et revigorant, en parallèle de quelques unes de ses réponses à nos questions.
Membre du crew impeccable d’auteurs de la maison d’édition espagnole Apa Apa Comics, Sergi Puyol en a sous le coude et nous le prouve un peu plus chaque jour. Mi-graphiste mi-dessinateur adorateur de bandes dessinées, l’artiste catalan a construit au fil du temps un style percutant aux perspectives réfléchies. La force de la palette de couleurs primaires utilisée, la ligne claire, la variété des textures et l’importance de la typographie : voilà ce qui fait des illustrations de Sergi des délices visuels. Cette technique maitrisée, l’artiste catalan la met parfois au service de groupes ayant compris l’importance du visuel dans la promotion de la musique. On vous présente quelques uns des posters de concerts qu’il a pu réaliser ici. Une excellente raison d’ailleurs pour lui poser quelques questions sur le sujet.
Salut Sergi, comment as-tu commencé l’illustration ?
Je dessine depuis que je suis enfant mais je me suis principalement mis à l’illustration car je voulais faire des bandes dessinées.
Comment décrirais- tu ton style graphique ?
Je pense que c’est un style de dessins très alternatif, influencé par la bande dessinée, avec des lignes claires, des couleurs chatoyantes et toujours une certaine utilisation de la perspective.
Tu as fait pas mal de posters en lien avec la musique pendant ta carrière d’illustrateur. Peux-tu nous en parler ?
Je faisais beaucoup de posters à une période, particulièrement de 2006 à 2015, car je jouais moi même dans des groupes de musique actifs à l’époque. Récemment, j’ai fait un poster pour le groupe Khruangbin. J’avais aussi réalisé en 2019 un poster pour un concert de Lassie et en 2015, le poster pour la tournée espagnole de l’artiste Calvin Johnson.
Quel était le brief pour la réalisation du poster de Khruangbin ?
Ils m’ont accordé pas mal de liberté mais m’ont suggéré d’intégrer la skyline de la ville de Raleigh (ville de Caroline du nord, ndlr), les membres de groupes et / ou des instruments de musique.
Peux-tu nous décrire les différentes étapes de travail du premier jet à la version finale ?
J’ai l’habitude de créer la composition et de la dessiner au crayon. Lorsque le premier sketch est validé par le client, je l’encre à la main avec des feutres fins. Ensuite, je scanne le dessin, je retravaille plusieurs parties dont je ne suis pas sûr ou qui ne fonctionnent pas, et j’ajoute finalement la couleur.
Quelles sont tes influences les plus importantes dans le design et l’art ?
Je suis principalement influencé par des dessinateurs de BD comme Crumb, Benjamin Marra, CF, Ron Rege Jr et beaucoup d’autres, mais je ne pense pas qu’on puisse dire que mon travail ressemble aux leurs. Et ces influences changent tout le temps, évidemment. J’aime leurs styles, mais je pense pratiquer mon propre style. Je suis aussi pas mal influencé par le travail de bons amis comme Cristina Daura, Roberta Vázquez, Maria Medem, Marc Torices, Gabriel Corbera, Irkus Zeberio etc. Je suis très content qu’on soit tous amis, car j’aime beaucoup ce qu’ils font.
Quel genre de projets t’enthousiasme le plus ?
Celui où je peux avoir une totale liberté de création. De cette façon, c’est plus simple pour moi et je peux arriver au résultat que je veux plus rapidement.
