Chronique : Parker

Les éditions Dargaud ont eu la gentillesse de rassembler les 4 épisodes de la monstrueuse série Parker. On peut y voir le dessinateur Darwyn Cooke reprendre avec brio les aventures du cambrioleur pas vraiment gentleman inventé par l’immense Richard Stark / Donald Westlake.

Tout est mastoc ici. Le pavé de 600 pages, en premier lieu. Le héros, aussi, Parker, un braqueur sans cœur et bâti avec des parpaing. Mais aussi les noms qui accompagnent celui de Parker sur la couverture. Le premier, Richard Stark aka Tucker Coe aka Donald Westlake est celui qui releva le roman noir américain dans les années 60, alors que la première génération se mourrait et que la deuxième peinait à montrer les dents. Popularisée ici en France par la légendaire collection Série Noire de Marcel Duhamel et par le fanatisme de Jean-Patrick Manchette (qu’on retrouve avec une chronique et un grand plaisir posthume ici) à son égard, la série de roman Parker est son bébé le plus pur, le plus dur, le plus explosif. Darwyn Cooke, le deuxième nom sur la couverture et l’unique responsable de cette adaptation en bande dessinée, est un poids lourd itou. Formé chez Bruce Timm et son anime Batman, ayant réalisé la majeure partie de sa carrière chez DC Comics, il s’est frayé le chemin le plus sombre parmi les héros de l’écurie. Au passage, il a glané trois Eisner Awards avec sa série Justice League : La Nouvelle Frontière.

© Darwyn Cook / Richard Stark – Éditions Dargaud

Mais le casting ne fait pas le chef d’œuvre. Or, chef d’œuvre il y a. Et c’est bien urbain de la part de Dargaud de nous le rappeler à l’aide de cet intégrale qui reprend les quatre tomes déjà parus entre 2010 et 2014 et y ajoute un dossier de 60 pages avec interview, dessins inédits et JP Manchette, donc. Darwyn Cooke amène aux personnages et romans stéréotypiques en diable de Richard Stark son sens de la narration et sa grande copine la noirceur. Tout en monochrome, en jeux d’ombre et cassures de rythme, le Canadien parvient à rajouter un étage aux monuments du romancier américain. Alors que les livres avaient déjà grossi jusqu’à la démesure les fondamentaux du genre, faisant de Parker un diamant brut, violent, incapable d’émotion ou presque et d’une efficacité à faire peur, Darwyn Cooke parvient à rajouter un vernis plus sombre encore rendant chaque caractéristique de ses récits plus tranchante et plus éclatante. Le dessinateur a l’outrecuidance de faire coup double et de le faire bien : introduire les amateurs du noir à l’art de la bande dessinée et les aficionados du neuvième à celui du polar. Et on peut y ajouter les transis du patrimoine, parce qu’on est face à une cathédrale, là.

© Darwyn Cooke / Richard Stark – Éditions Dargaud

© Darwyn Cooke / Richard Stark – Éditions Dargaud

Parker – Intégrale, de Darwyn Cooke, chez Dargaud, 602 pages, 45€

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