Live Report – Eyehategod @ Glazart

Les Papes du Metal made in NOLA, EyeHateGod, étaient au Glazart le 30 juin dernier. Comme de bien évidemment, Kiblind y ouvrait grand ses mirettes et ses esgourdes pour vous ! Report ci-dessous. 

Dans cette canicule estivale, le quidam cherche une oasis où étancher sa soif. Pour beaucoup de Parisiens, elle se trouverait d’ailleurs porte de la Villette, au Glazart – ce n’est d’ailleurs pas un hasard si vos fidèles serviteurs vous y retrouveront le jeudi 9 juillet. Les fameux Stoned Gatherings ne dérogent pas à la règle et y prennent leurs quartiers durant les vacances. L’excellente équipe y invite la crème de tout ce qui représente la musique burnée et grasse des États-Unis : Stoner, Sludge et affiliés. Ils nous ont déjà régalé avec les excellents Torche il y a peu, et remettront le couvert avec Elder le 20 juillet, et surtout Crowbar le 9 août. À notre arrivée, Sofie, qui gère la communication de cette chouette organisation, nous promet que les dates à venir « ne sont pas juste des concerts » mais de vrais événements. Il faut dire que le contexte s’y prête bien : chaleur, plage, Happy Hour, live en terrasse pour nous accueillir, DJ set pour se finir. Entre-temps, de la grosse bûche ! L’autre facteur essentiel porte certainement sur le choix de la date, en semaine, ce qui permet à tous de profiter du spectacle à une heure décente – tandis que l’on repense avec amertume à la « mésaventure » vécue par Phil Anselmo, obligé de jouer plus tôt il y a un an de ça pour ne pas déranger la soirée d’un vulgaire collectif tripoteur de CDJ devant des bourgeois perchés à la MD.

Crédit : Laurent Fert

En attendant EyeHateGod donc, au sens propre comme au figuré (mais on y reviendra), on se prend l’apéro pépouze, jetant un œil rapide au matos installé sous la pagode : un micro, un ampli gratte et un ampli pour la contrebasse… A priori, Viva Le Vox ne paie pas de mine. A priori seulement. Ce duo de cramouilles qui affiche quelques bornes au compteur se met toute la populace dans la poche au prix d’un concert rondement mené. Une grosse énergie, de la sueur et des roustons en étendard : il en faut pour tenir en haleine avec un showcase des métalleux qui sortent du trimard prêts à en découdre. Ce combo Punk-Rockabilly-Blues déjanté sent la 8-6 tiède bue à l’arrière d’un van chauffé à blanc… et c’est très bien comme ça ! Une certaine idée du bonheur… La barre est placée haute ! Le temps de profiter des largesses du barman que déjà, The Hooten Hallers prend place. La Slide, un saxophone basse et un batteur qui défonce son kit minimaliste debout à grands coups de Rangers et de doubles-croches se mettent au service d’une voix éraillée clamant des lignes très Blues. L’ensemble est très pêchu. « On dirait le Sud », comme le chantait Nino, un Sud bien poisseux, redneck et organique, qui prend aux tripes pour ne plus les lâcher. La terrasse est désormais pleine et enjouée. Le trio nous pond un sacré Rock, de ceux qui ne devraient jamais cesser d’être.

Crédit : Laurent Fert

On ne saurait dire si se sont les effets des rayons du soleil, dont l’impact faiblit progressivement, ou de l’alcool, mais la population devient rougeaude. Il est donc le temps de se mettre à l’abri et de rentrer dans le club. La transition est assurée par Joe Buck Yourself, qui a troqué sa contrebasse et son compère pour une guitare, une grosse caisse et ses histoires. Malgré un talent indéniable, la transition est difficile à assurer et le club demeure plutôt vide, le public préférant se remplir les poumons une dernière fois de l’air plus ou moins pur de la Capitale et/ou de nicotine avant de respirer les émanations corporelles de chacun une fois que la fosse se déchaînera…  … ce qu’elle ne manque pas de faire sitôt l’arrivée des néerlandais de Herder. Les adducteurs sifflent un peu après ce grand écart imposé, mais l’on se met vite en jambes, grâce notamment aux rifs de Stoner bien gras. C’est lent et sale, lourd et bon. Si l’on peut déplorer la surreprésentation de la guitare dans le line-up du groupe, la foule sera conquise progressivement. Par les invectives du frontman probablement, par la qualité de musique indéniablement. Le temps passe vite malheureusement, et les demandes appuyées de rappel resteront lettre morte.  Ce qui est fort dommage car EyeHateGod se fait toujours attendre. Les fans commencent à avoir les miquettes, le groupe ayant déjà annulé des dates en France auparavant (l’on se souvient qu’ils filèrent directement à Clermont-Ferrand juste après leur passage à Paris il y a deux ans, oubliant au passage de se rendre au Motocultor). Ça suppute, ça boit pour faire passer le temps, ça vide les derniers paquets de tiges, ça fait circuler les rumeurs… Le quintet néo-orléanais « est en route », nous rassure-t-on. L’on apprendra de la part de du promoteur que le groupe a du revoir tout son itinéraire depuis l’Angleterre suite à la grève des ferrys… Les actions d’Euro-tunnel ne s’en portent que mieux.

Crédit : Laurent Fert

C’est donc avec quasiment une heure de retard que le van du groupe se parque à l’entrée de la salle, sous des acclamations qui trahissent à la fois l’anxiété et le soulagement. Pas le temps d’ergoter, le spectacle doit continuer ! Mike IX Williams et sa vilaine troupe s’installent immédiatement sur scène, adoptent le back-line du groupe précédent, chient les balances en cinq minutes, et surtout envoient du gros bois dès les premières notes. Le public veut en découdre, et c’est sur les notes de New Orleans Is The New Vietnam que la folie s’empare de la fosse. L’ambiance est moite, suffocante. Jimmy Bower rembarre l’ingénieur lumière et ses tentatives épileptiques : le groupe ne veut que des spots en fixe. Pas d’effet de manche, Eyehategod laisse parler sa musique. Le son est aussi pesant que l’atmosphère. Ça sue à grosses gouttes. Un peu trop pour moi, obligé de suriner un malotru, transpirant et un peu trop collant, avec la brosse à dents taillée en pointe que je me garde toujours de côté au cas où (l’hygiène dentaire et la sécurité en milieu carcéral ne font pas bon ménage) ; il m’empêchait de profiter pleinement de Medicine Noose issu du dernier album, éponyme, devenu instantanément un classique, un autre qui s’ajoute à la liste que les Louisianais ne manqueront pas de jouer ce soir durant un show d’1h30 devenu déjà mythique. L’on retiendra évidemment Anxiety Hangover, Take As Needed For Pain, White Nigger et bien sûr le cultissime Southern Discomfort. Ce soir-là, Paris était le nouveau Vietnam !

 

EYEHATEGOD

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