Les Gens du mag : JCCHR

Derrière ce nom mystérieux se cache l’illustratrice thaïlandaise Jidapa Chansirisarthaporn et ses mondes fantastiques dans lesquels nous nous baignons sans vergogne. Elle a eu la gentillesse de nous en dédier un pour notre numéro “Là-Bas”, dans lequel son monde idéal est en réalité son monde intérieur.

Un monde intérieur qui n’est pas commun, il faut bien le dire. Rares sont celleux qui peuvent se targuer de cacher au fond de leur âme des plantes aussi flamboyantes et des animaux aussi surréalistes. JCCHR, elle, laisse maturer cette faune et cette flore enchanteresse au fond d’elle et nous en expose, à coups d’images époustouflantes, le contenu fantasmagorique.

Pour ce faire, la Thaïlandaise ne lésine pas sur les effets spéciaux. Couleurs chatoyantes, formes volubiles et volumes imposants s’entremêlent sur des visuels où l’œil vogue sans jamais s’arrêter. Pour autant, rien d’harassant pour les regardeur·euses. Car s’il est en perpétuel mouvement, le regard trouve aussi de quoi être apaisé grâce à l’harmonie d’ensemble qui lui susurre la douce berceuse du calme et de la tranquillité. D’une âme vers l’autre.

© JCCHR pour Kiblind « Là-Bas »

Dans notre numéro “Là-Bas”, tu as dessiné un monde surréaliste à la faune et flore foisonnantes. Pourquoi préfères-tu ces mondes imaginaires à notre vie quotidienne ?

Les créatures fantastiques et les plantes fabuleuses collent bien à mon imaginaire et s’alignent parfaitement avec ce que j’aime et ce que j’ai envie de créer. Pour moi, le fantastique n’est pas un échappatoire à la réalité, mais une façon d’intégrer la magie à notre existence, une façon de se connecter à l’univers qui vit en nous, de l’explorer et de laisser notre imagination s’échapper. Et ainsi créer un endroit calme et agréable pour nos petits cœurs.

© JCCHR

Tes dessins sont très puissants visuellement, avec des couleurs fortes et des formes affirmées. Pourquoi ce parti pris ?

Dessiner est pour moi une façon d’exprimer mes émotions, mes pensées et ma créativité. C’est ma façon de communiquer sans utiliser de mots. J’adore utiliser des couleurs pop en contraste avec des personnages plus calmes et des éléments plus doux pour créer une sorte d’atmosphère magique avec un côté abstrait. À travers mon travail, j’espère partager un sentiment de calme et de joie à celles et ceux qui le regardent.

© JCCHR

Ton travail est très singulier. Quels sont les artistes qui t’influence et qu’est-ce qui, dans la vie, t’inspire ?

Il y a beaucoup d’artistes que j’admire et pas seulement dans les arts visuels mais dans le cinéma aussi. La plupart des mes inspirations picturales viennent d’artistes japonais comme Katsuhiro Otomo et Yoshitaka Amano. J’aime leurs styles uniques et la façon dont ils combinent techniques traditionnelles et visions singulières.

Concernant le cinéma, j’aime les films qui viennent te parler personnellement, ceux dont tu as l’impression qu’ils allument une étincelle dans ton cœur qui fera flamber ton inspiration : des réalisateurs comme Yorgos Lanthimos, Wes Anderson, Tim Burton, Guillermo Del Toro et Scott Derrickson. Ce qu’ils expriment dans leurs films est toujours magnifique et plein de magie. Ils me poussent à aller plus loin dans la narration sur chacun de mes travaux.

J’ai aussi eu la chance de vivre à Kyoto et d’étudier le Japonais pendant deux ans. L’atmosphère unique de cette ville m’a profondément marquée et influence toujours mon travail.

© JCCHR

Avec ses formes débordantes et ses couleurs éclatantes, ton travail fait l’effet d’un feu d’artifice. Pourquoi autant de vie dans tes créations ?

Quand je sens une émotion forte en moi, j’ai l’impression que quelque chose doit sortir avec des couleurs vives. Mais la tranquillité et la nature fantastique sont également une façon d’exprimer ma vision, en intégrant une certaine spiritualité, de la mystique et un aspect métaphorique qui permet de raconter une histoire de façon plus abstraite. C’est une façon aussi de laisser les gens explorer leurs propres émotions et avoir leur propre vision de mon travail.

© JCCHR

Tu fais aussi de la peinture : qu’est-ce que ce médium te permet que les outils numériques ne peuvent pas ?

À l’opposé des outils numériques, les outils traditionnels te permettent d’être au plus près de la matière. Je dois gérer la quantité de couleurs et les mélanger moi-même. Ça prend longtemps à faire et parfois le résultat est loin de mes attentes. Mais ça m’aide à explorer de nouvelles idées et à trouver de nouvelles inspirations pendant le procès. Chaque médium offre quelque chose de différent et, pour moi, le numérique et la peinture ont tous les deux leurs propres qualités.

© JCCHR

Peux-tu nous parler de trois projets qui te tiennent à cœur ?

Le premier projet est celui du nouvel an chinois 2023 pour le Central department store, un grand magasin thaïlandais. J’ai célébré l’année du lapin à travers des illustrations et des installations figurant des personnages lapins que j’ai inventé et qui étaient visibles partout dans le lieu.

© JCCHR x Central

Il y a aussi le projet avec Marvis, une marque de dentifrice, en 2024 : une illustration et une installation dans le K11 Art Mall de Shanghaï racontant une petite histoire autour de cinq créatures magiques inspirées par cinq saveurs de dentifrice Marvis.

© JCCHR x Marvis

Parmi mes commandes préférées, il y a les couvertures de livres. Je collectionne moi-même les livres et j’adore créer des images qui peuvent capturer l’essence d’une histoire et en refléter le ton et l’ambiance. Ça me rend toujours très heureuse de croiser mes couvertures à la librairie.

© JCCHR x Biblio

Kiblind « Là-Bas »
JCCHR

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