VA – Some Like It Rough

Avec Tripalium, les présentations avaient été faites lorsque, l’an passé, le label  sortait la belle et rude compilation Some Like It Raw qui laissa plaies béantes et dents déchaussées. Enchantés nous l’étions, avant de reprendre notre bête et méchante routine. Jusqu’à cette semaine, nous faisions ainsi notre petit bonhomme de chemin en pensant, comme tout le monde, à l’insolite rencontre entre Brigitte et Emmanuel Macron. Une torpeur candide, voire crétine, que Tripalium ne pouvait souffrir. Le label nous fiche une deuxième grande tarte dans la gueule avec Some Like It Rough, et rappelle à tout le monde qu’on est pas là pour trier les poussins.

Tripalium n’a jamais caché son goût pour la bagarre et les coins interlopes. La sœur ainée de la présente compilation nous avait gaiement raclé la face contre le bitume de la musique électronique actuelle. Celle-là devait être le manifeste d’un label qui ne jura depuis lors que par les cavalcades sauvages et les descentes aux enfers. Mais comme il s’agit de ne pas dormir sur ses lauriers et que la violence, ça se choie, Tripalium remet le couvert avec 14 morceaux inédits, piochés dans les holsters de 14 types aux quatre coins de la France.

 

 

Avec une compilation, il est toujours difficile d’établir un constat global. C’est son principe même, elle doit présenter un large éventail de possibilités, généralement toutes plus ou moins inscrites dans un champ particulier. C’est d’aillleurs le principe de ce Some Like It Rough de Tripalium. On se risquera donc à dire que la compile est bien. Que les nuages noirs ramenés en masse par Tripalium nous font fous et rares; mieux, que les artistes qui les façonnent sont des gens éminemment précieux. Nous avons besoin de ce son, de cet acharnement, de cette rudesse quand elle est travaillée à ce point.

 

En revanche, dire que tous les morceaux de Some Like It Rough sont parfaits seraient un mensonge éhonté. Ci ou là quelques cygnes sont trop bien peignés pour nous. Mais émettre l’idée qu’elle contient quelques pistes indispensables est une vérité en total accord avec notre subjectivité. Au nombre de celles-là, on pourra citer l’entrée de Coldgeist, la sortie de Somaticae et, entre les deux, les efforts de Morphoex, Yan Kaylen, Stego ou UVB 76. Mais, au final, peu importe. L’idée, elle, est là. La découverte d’un pan éternellement méconnu (quoiqu’ayant le vent en poupe) des musiques électroniques. Cette face suintante qui ne fait que peu danser, qui ne passe guère en fond sonore d’Enquête Exclusive et qui ne permet que rarement le passage en radio. Non, cette musique là est immersive, intrusive, voire bouleversante quand elle est de qualité. On remercie donc simplement Tripalium de défendre cette obscurité avec la fierté d’un porteur de lumière.

 

Tripalium // Acheter Some Like It Rough, sortie le 28 avril

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