[Interview]. La Station/Collectif MU

Le légendaire Collectif MU a répondu, comme beaucoup, à l’appel à manifestation d’intérêt de la SNCF. Sauf que lui, il a gagné. Il se retrouve donc, pour notre plus grand bonheur, à la tête d’un lieu éphémère durant tout l’été. Une façon pour lui de se frotter à la gestion d’un espace immense et d’y cuisiner ce qu’il sait faire de mieux : le défrichage culturel. Ô joie, ô espoir de voir le crew reponsable des concerts au Garage MU et des festivals Magnetique Nord et Band Originale avoir les mains libres pour faire une programmation durable aux portes de Paris. Une ligne artistique tranchée qui trouvera son manifeste grandeur nature au moment du Garage MU Festival, soit quatre jours intenses de musiques au poil du 21 au 24 juillet, avec Maoupa Mazocchetti, Danger Records, Syracuse, December, Ricardo Tobar, etc.

Forts curieux et alléchés de savoir ce que pouvait donner un lieu confié à l’équipe du Collectif MU, nous prîmes nos plus belles touches de clavier et avons envoyé une petite série de questions pour que celle-ci nous présente sa vision de La Station et ce qu’ils vont nous servir au menu. Un projet, comme dit dans le chapeau, qui touchera les cieux au moment du Garage Mu Festival, celui-ci conviant tous les petits chouchous de collectif en partenariat très serré avec le magazine The Drone et le label Danger Records. Un symbole dont nous détaillerons la programmation, puisque notre singulière flemmardise nous empêche de traiter l’ensemble des propositions de l’été.

Kiblind : Pouvez-vous décrire le lieu et son histoire ?

Collectif Mu : La Station – Gare des Mines est une ancienne gare à charbon, restée désaffectée pendant un bon moment et implantée dans un quartier très populaire. Il y a quelques temps, le lieu s’appelait le Balafon, une boîte de nuit africaine dont on a retrouvé quelques vestiges (et aussi des vidéos assez drôles sur youtube) en entamant les aménagements.

Kiblind : Pourquoi le Collectif Mu s’est-il mis dans cette galère ?

Collectif Mu : On a toujours été attiré par les interstices urbains, les sites en friche… C’était l’envie d’étaler nos programmations dans le temps, durant tout un été, et aussi dans l’espace, d’aménager et de penser un lieu dans son ensemble. Donc de pousser nos activités au Garage MU vers l’extérieur avec la possibilité d’accueillir plus de monde. Du coup, suite à « l’appel à manifestation d’intérêt » de Sncf Immobilier, on était assez convaincu que ce site à la frontière de plusieurs villes (Paris, Saint-Denis, Aubervilliers) et ce bâtiment abandonné donnaient un contexte assez parfait pour nos futures soirées et projets à venir.

Kiblind : Paris va regorger de lieux « atypiques » cet été. En quoi cela peut changer les choses sur la vie culturelle & nocturne ?

Collectif Mu : Il y a une sorte d’appel d’air, créé sûrement par la lassitude face aux lieux conventionnels, avec leurs prix parfois exorbitants et leurs ambiances passe partout. Ça correspond aussi à l’évolution de la scène musicale française, qui assume plus volontiers l’alternative.

Kiblind : Y a-t-il plus de liberté dans un lieu comme ça que dans le Garage Mu ? Ou c’est l’inverse ?

Collectif Mu : Ça dépend de quoi on parle. C’est un lieu plus grand, plus complexe et il y a donc, en toute logique, plus de contraintes. On a aussi une certaine intensité et une régularité de programmation qui font que La Station est une machine plus lourde que le Garage MU, dont le fonctionnement était presque « familial ». Mais ça amène l’opportunité de penser tout le cheminement dans un lieu pareil : de la carte du bar à la disposition des chaises longues, à la façon dont on peut collaborer avec les artistes qu’on invite, aux nouveaux projets permis par la configuration des espaces… ce qui en fait un lieu toujours excitant.

Kiblind : Qu’est-ce qui va différencier La Station des autres lieux qui ouvrent pendant l’été ?

Collectif Mu : L’identité très marquée du lieu, du bâti lui même, tranche déjà assez franchement avec les propositions qui pourraient être similaires. Ce sera un été avec un fond assez brutaliste qui trouve des correspondances avec notre programmation. Et puis c’est un ensemble de facteurs, une sorte d’art de faire la fête, comme un « art de vivre » qui fédère et qui fait que l’expérience d’un concert à La Station nous semble différente.

Kiblind : À qui, à quoi peut-on s’attendre cet été ?

Collectif Mu : Nous nous sommes concentrés pour l’instant sur les concerts en plein air, qui sont un écho direct à ce que l’on a proposé avec nos festivals (Magnétique Nord, Bande Originale…). On a le Garage MU Festival du 21 au 24 juillet qui sera une séquence très dense et assez représentative de l’esprit du lieu. Notre grande envie par la suite est de parvenir à être aussi transversaux que les artistes que l’on accueille : nombre de musiciens que nous sommes amenés à rencontrer sont aussi plasticiens, ou graphistes, ou inversement. On souhaite présenter des choses de plus en plus variées, avec des projections en plein air notamment, des ateliers et s’associer de plus prêt avec des artistes que l’on va inviter en résidences ici. L’idée centrale étant de penser cet espace comme un lieu de convivialité et de création, où l’on trouve toujours quelque chose à faire, qui gagne progressivement et de plus en plus d’intérêt par l’accumulation des propositions des gens qui se trouvent ici.

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Par exemple, le Garage Mu Festival.

PROGRAMMATION :

Jeudi 21 juillet feat. Danger Records – À La Station/Gare des Mines

Pelada + Coagul + Âme de Boue + Mary Bell + Nowaygirl

Vendredi 22 juillet – À La Station/Gare des Mines

JC Satàn + Headwar + Cockpit + Cocaine Piss

Samedi 23 juillet – À La Station/Gare des Mines

Nova Materia + December + Maoupa Mazzocchetti + Crave

Dimanche 24 juillet feat. The Drone – À bord la Croisière Séquences

Volcan + Youth Avoiders + group A + None + Les Fils de Jacob + Krikor + Syracuse + Ricardo Tobar

La Station // Collectif MU // Festival Garage MU