[Employée Modèle] Louise de Crozals

Comme (presque) chaque semaine nous faisons un petit focus sur un de nos coups de cœur du moment. Aujourd’hui, c’est à la Lyonnaise Louise de Crozals que nous disons fièrement : « Wah la vache mais c’est hyper beau ce que tu fais ».

Louise de Crozals est notre artiste de la semaine pour la simple et bonne raison qu’elle parvient avec élégance à nous plonger dans la rudesse. C’est tout l’enjeu de la série Motel, largement présente dans le portfolio ci-dessous, et révélatrice du double-jeu des illustration de Louise : un décor élégant et précis voit évoluer des formes humaines mouvante, en proie à leurs faiblesses. La couleur vient rarement, mais toujours à point pour surligner les émotions et faire crier ces saynètes en noir et blanc. Une maîtrise du dessin, de la composition et de la narration venue d’une longue et patiente formation que lui ont prodigué les maîtres peintres, la nature omniprésente et le bouillonnement créatif de ses contemporains.

 

© Louise de Crozals – Série « Le Motel »
© Louise de Crozals – Série « Le Motel »
© Louise de Crozals – Série « Le Motel »
© Louise de Crozals – Série « Le Motel »
© Louise de Crozals – Série « Le Motel »
© Louise de Crozals – Série « Le Motel »
© Louise de Crozals – Série « Le Motel »
© Louise de Crozals – Série « Le Motel »
© Louise de Crozals – Série « Le Motel »
© Louise de Crozals – Série « Le Motel »
© Louise de Crozals – Série « Le Motel »
© Louise de Crozals – Série « Le Motel »
© Louise de Crozals – Série « Le Motel »

 

Kiblind : D’où t’es venu l’envie de dessiner ?

Louise de Crozals : Aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours dessiné. J’ai grandi à la campagne, et la végétation environnante se trouvait être une source d’inspiration inépuisable. Pendant des années, j’ai eu une passion particulière pour les fourmis et leur terrier que je représentais en coupe; j’étais fascinée par l’idée de pouvoir représenter, grâce au dessin, ce qu’on ne pouvait pas voir à l’œil nu. Une sorte de «fenêtre sur cour» du microcosme, où l’on pouvait observer toutes les galeries et leurs activités bien mystérieuses. J’étais aussi très attirée par l’aspect décoratif des couleurs et formes qu’offrait mon jardin, une sorte d’immense motif ornemental. J’ai eu la chance de grandir dans une famille très concernée par la création picturale et l’art en général. Très tôt j’ai pu tester les pastels, l’aquarelle, et une grande diversité de médiums à travers des cours de dessin.

 

Kiblind : Où as-tu fait tes études ? Qu’est-ce qu’elles t’ont apporté ?

Louise de Crozals : Je ne me suis jamais posée de questions sur le métier que je voulais exercer, c’était une évidence, ce serait dans le domaine du dessin. En sortant d’un bac Arts plastiques, on m’a conseillée de m’orienter vers les métiers des Arts appliqués, du graphisme, plus porteur d’avenir. J’ai fait un BTS communication visuelle à La Martinière, à Lyon, mais le graphisme ne me satisfaisait pas complètement. De manière un peu inconsciente, j’essayais d’intégrer de l’illustration dans les travaux qui m’étaient demandés. En sortant du BTS, j’ai erré pendant deux années avant de découvrir l’école Émile Cohl qui proposait une formation d’illustrateur. J’y ai appris la rigueur du dessin académique ; ne plus se contenter de voir ce qui nous entoure, mais le regarder vraiment, comprendre comment l’espace, les objets et les corps sont construits. Acquérir une technique solide en terme de réalisme m’a permis de m’en détacher doucement pour aborder une représentation plus personnelle.

 

Kiblind : Pour t’inspirer/te former qu’est-ce que tu es allée chercher ailleurs ? Et où ?

Louise de Crozals : J’ai tout de même gardé des traces de ma formation de graphiste. J’essaie d’insuffler dans mes illustrations l’immédiateté et la lisibilité exigées par une affiche ou un logo par exemple. J’ai également un amour pour le design textile et le motif, qui, je trouve, apporte une richesse graphique à mes dessins. En terme de narration, ce qui m’intéresse particulièrement ce sont les relations humains, leur complexité et leur ambivalence. Observer les gens vivre, comprendre les rapports qui les lient et révéler, grâce au dessin, l’intangible des sensations et des sentiments. Cet attrait m’a menée à suivre une licence en anthropologie en parallèle de mes études de dessin.

 

Kiblind : Quels sont les artistes que tu admires, passé comme contemporains ? Qu’est-ce que tu admires chez eux ?

Louise de Crozals : Il y a trois ans, j’ai pris une claque en découvrant la roman graphique Panthère de Brecht Evens. La fantaisie grisante de son dessin, les superpositions colorées savoureuses et l’ambivalence des relations entre les personnages : c’était ce que j’avais toujours rêvé de lire. Je suis aussi très inspirée par les gammes colorées et l’intelligence de la mise en scène de Tom Haugomat et Emiliano Ponzi. Violaine Leroy pour la subtilité de son graphisme et la finesse de sa narration. Estine Coquerelle pour la poésie des émotions et la justesse de son trait. Violeta Lopiz pour la richesse graphique de ses superpositions végétales … Dans un style plus académique, j’ai une admiration infinie pour la virtuosité des portraitistes comme John Singer Sargent ou le contemporain Benjamin Bjorklund.

 

Kiblind : Des projets à venir ?

Louise de Crozals : Mon année est centrée autour de mes deux projets de fin d’étude. L’un d’eux est un roman graphique dans lequel je dresse le portrait intime d’un milieu huis clos, les 15m2 d’une chambre de motel. J’illustre l’histoire vraie d’un gérant de motel des années 70 qui observe ses clients à travers une fausse grille d’aération. Je reprends les écrits de son journal de bord dans lequel il notait toutes ses observations « sociologiques ». C’est l’idée de pouvoir infiltrer l’intimité d’un chambre à coucher, d’assister aux secrets et aux tabous qui m’a poussée à choisir ce sujet particulier. En outre, je crée une application pour enfant sur la vie d’1m2 de forêt durant une année. C’est une application que je souhaite poétique et contemplative. Une sorte de « diorama » connecté en temps réel avec la date et la météo du jour. Au final, je me rends compte que j’ai toujours eu ce côté voyeuriste, avec mes dessins de fourmilières il y a 20 ans, jusqu’à mes projets de fin d’étude aujourd’hui.

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