[Interview] Les Siestes Électroniques par Pierre Vanni

Les Siestes Électroniques est ce col hors-catégorie dont on rêve dans la course désespérément plate qui nous mène des premiers festivals de juin à ceux de septembre. Une moment sinueux, exigeant, pointu. Et pour coller à sa programmation et à son ambiance, le festival toulousain demande à son identité graphique de suivre la cadence. C’est pourquoi elle fait appel à Pierre Vanni, graphiste de grand panache. On a fait le point avec lui sur son travail si particulier avec le festival.

On sent que Pierre Vanni s’amuse beaucoup à faire l’identité graphique des Siestes Électroniques. Et ça a l’air d’attendrir l’équipe du festival de le voir batifoler comme ça. C’est en effet la 6e fois qu’il prend les rênes de l’identité graphique et la 5e fois de suite, sans même penser au travail réalisé sur la Revue Audimat, excroissance du festival. Le plus agaçant est sans doute que chacun de ces projets est intriguant, passionnant, beau. Allant piocher dans tous ses états et toutes ses techniques, Pierre Vanni a insufflé aux Siestes bien plus qu’une façade, une atmosphère.

 

Les Siestes Électroniques 2015 – © Pierre Vanni

 

Kiblind : Comment t’es-tu retrouvé à faire l’identité des Siestes Électroniques ?
Pierre Vanni : J’allais aux Siestes Électroniques bien avant de dessiner leurs affiches — à Toulouse c’est un évènement incontournable! Et j’étais encore étudiant quand Bertrand Caussé et Samuel Aubert m’ont proposé de réaliser le visuel de l’édition 2008 : c’était ma première affiche imprimée. Je garde un excellent souvenir de ce premier travail de commande.

 

Les Siestes Électroniques 2008 – © Pierre Vanni

 

Kiblind :  Est-ce que cette confiance renouvellée dans le temps t’aide à être plus libre dans ton travail, à évoluer dans la durée ?
Pierre Vanni : Oui effectivement, je sais qu’avec Les Siestes je peux tout proposer, tout essayer, il suffit que l’association adhère. je n’ai simplement jamais eu autant de liberté avec un autre commanditaire.

Kiblind : Comment débute le procès de chaque affiche ? Quelle sont les questions que tu te poses et où vas-tu chercher les réponses ?
Pierre Vanni : Je pense aux adhérents et aux bénévoles que je fréquente chaque année, je pense aux toulousains, je pense au public des siestes, aux jeunes, aux vieux… C’est comme réfléchir à un cadeau pour un ami : pour bien choisir, il faut faire avec ce qu’il est, ce qu’il aime, mais il faut aussi savoir le surprendre ! Depuis 2014, tous les ans je me demande ce que je pourrais leur offrir.

 

Les Siestes Électroniques 2014 – © Pierre Vanni

 

Kiblind : Typographie, dessin, photo, bande dessinée, graphisme pur… tu pioches dans une multitude de médias pour construire tes affiches, comment se fait le choix ?
Pierre Vanni : Les Siestes ne se réduisent pas à un genre musical, à un format d’écoute, à un public, ni même à une ville ! Mes affiches cherchent à en être la preuve par l’image. Parfois elles en sont la métaphore, comme en 2017 avec cette bulle qui flottait à travers différent paysage ; belle, aventureuse, mais fragile…

Kiblind : Qu’est-ce que tu as voulu dire avec cette nouvelle affiche ?
Pierre Vanni : Moins qu’un discours, ce que je cherche à partager c’est une sensation, une vibration — c’était l’ambition des graphistes des affiches psychédéliques de la fin des années 1960 et c’est que je me plait à rejouer avec ce nouveau visuel : « Les Siestes, c’est un trip », rien de plus, rien de moins.

 

Les Siestes Électroniques 2018 – © Pierre Vanni

 

Kiblind : À qui, à quoi sont destinées les affiches des Siestes Électroniques ? À quel moment de ton travail intervient le spectateur de ces affiches ?
Pierre Vanni : Elles annoncent le festival, tout simplement. Moins qu’un line-up (absent du support), ce qu’elle partage avec le public c’est un état d’esprit… et une date. Il n’y a rien d’intellectuel dans ma démarche, dans mon rapport au support et à la stratégie de communication qui s’y rattache. Ce qui me plaît, c’est d’essayer de rencontrer l’imaginaire du public.

Kiblind : Quelles sont tes autres actualités ?
Pierre Vanni : Je continue de travailler sur Toulouse, cette fois-ci avec le ThéâtredelaCité (anciennement le TNT), le centre dramatique national de Toulouse Occitanie dont la direction à été reprise par le dramaturge Galin Stoev et dont je repense actuellement l’identité visuelle.

 

Les Siestes Électroniques 2017 – © Pierre Vanni

// Les Siestes Électroniques, du 27.06 au 1.07 //

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