[Festival] Sonic Protest

Sonic Protest ne veut pas être rangé dans une case et il a bien raison. Creusant toujours plus le sillon des musiques alambiquées, il emmène avec lui tout un tas de musiciens atypiques et d’esprits libres pour sa 15ème édition. On vous fait gagner des places, des totebags et des compiles !

De tribulations en expérimentations, le festival mettra en lumière du 22 mars au 6 avril tout ce que le monde compte d’ingénieux bricoleurs du son et d’aventureux précurseurs. De la noise, en passant par le post punk, la musique indus, la new wave et le drone, Sonic Protest explorera tout ce que la musique brute a fait de mieux et prêchera la bonne parole à Paris (La Station, le Cirque Electrique…), en banlieue (Théâtre de l’Echangeur de Bagnolet, Théâtre de Vanvres…), et plus largement partout ailleurs (le Lieu Unique à Nantes, Le Lieu Multiple à Poitiers, Plages Magnétiques à Brest, Le Consortium à Dijon, l’ECAL à Lausanne, l’Espace Multimédia Gantner à Bourogne…). A côté de ça, des projections et des conférences seront orientées notamment vers les pratiques brutes de la musique.

Au milieu de tout ça, on vous conseille évidemment de faire un tour dans la nébuleuse machinesque des lyonnais de Société Etrange, mais aussi de plonger dans la New Age de la pionnière Suzanne Ciani et de foncer tête la première dans les drones de Dylan Carlson. Mais ça, bien sûr, ce ne sont que nos recommandations purement subjectives. Pour en avoir d’autres, on a demandé aux programmateurs Franq de Quengo et Arnaud Rivière de répondre à quelques une de nos questions et de nous parler de leur bébé.

Kiblind : A la différence de beaucoup de festivals de musiques expérimentales, Sonic Protest sort de Paris et s’étend à la banlieue et même à la France entière. Quelle est la volonté derrière ce décloisonnement ?

Arnaud Rivière : Comme différences qu’on se targue d’entretenir avec des festivals de musiques expérimentales, on commencera par dire qu’on n’est pas un festival de musiques expérimentales. En 2003, à la création du festival, on questionnait déjà l’appellation et on parlait du “Festival des musiques noise, drone et drôles ” mais en 2019, on n’a vraiment pas envie de se laisser réduire à cette catégorisation des musiques. Les savantes Vs les populaires … non, on n’est pas concernés par ça. On tente plutôt de proposer un panel de singularités musicales et sonores, par delà les genres et des chapelles. On y tient fort. A Sonic Protest, selon les soirs et les contextes, on entend des musiques libres plus ou moins free, des musiques concrètes plus ou moins abstraites, parfois de la chanson (tordue), du rock (de traviole), des improvisations rigoristes, des compositions débridées, des expérimentations du son (tout arrive), etc, etc.

Ceci étant dit et pour revenir à la question : le festival est actif sur Paris désormais mais est né en banlieue, à Montreuil-sous-bois et plus précisément au 7 rue Richard-Lenoir, aux Instants Chavirés et il a fallu attendre la 5e édition pour qu’on franchisse le périph’ dans ce sens-là après avoir déjà commencé à visiter d’autres endroits de la Seine-Saint-Denis. Ce qui a compté, par delà la situation purement géographique, c’est la possibilité de profiter de différents espaces, de travailler avec des équipes avec qui on partage des choses, bref de créer des contextes spécifiques et y proposer des soirées qui y sonneraient comme nulle part ailleurs : Arto Lindsay, Kim Fowley ou Ellen Fullman à St-Merry, ça a forcément quelque chose d’aussi unique qu’Ich Bin ou This Is Not This Heat au CentQuatre, ou Konono#1 à La Parole Errante. À chaque ivresse, son flacon. Et toutes ces musiques pour tout le monde … partout ! Et puis réduire Paris à ce qui rentre dans le périph … ça ne semble plus trop coller à la réalité des choses. Cette ville souffre d’une pression foncière délirante et il est devenu fort difficile d’y faire exister quelque alternative qui soit. Intra-muros, des poches existent encore un peu mais de l’autre côté de la frontière, ça semble plus aisément jouable, quand même : 5 millions des 7 millions d’habitant de la région y habitent déjà !

Dans cette même idée de dire NON aux Happy Few, on s’est dit qu’il y avait d’autres endroits avec lesquels on pouvait partager la présence des artistes que nous invitons. Mutualisation des risques, circulation ouverte contre les idées rancies d’exclusivité … plaisir d’offrir et joie de recevoir !

Le Lieu Unique à Nantes nous a invité à une carte blanche en 2011, hors festival, et en 2012 est née Sonic Protest Ailleurs, extension de ce qu’on fait ici vers d’autres territoires hexagonaux et européens : Lieu Unique (Nantes), le Temps Machine (Tours), GMEM (Marseille), Fragment (Metz), Café Oto (Londres), l’Espace Multimédia Gantner (Bourgogne), les Ateliers Claus (Bruxelles), ECAL (Lausanne), Cave 12 (Genève), le Vauban (Brest), La Carène (Brest), Le Lieu Multiple (Poitiers), Villa Arson (Nice), L’Embobineuse (Marseille), Montevideo (Marseille), GMEA (Albi), La Malterie (Lille), Le Consortium (Dijon), La Manufacture Atlantique (Bordeaux), Stereolux (Nantes), Accè(s) (Pau), Sommercasino (Bâle), etc.

De la scène nationale au bar qui accueille ponctuellement des concerts en passant par des initiatives portées par des collectifs d’artistes structurées ou aux contours plus flous (squatt, concert à la maison, etc) Sonic Protest Ailleurs fait trait d’union. Dans certaines villes, Sonic Protest a même pu être un moteur de regroupement, un bon prétexte pour différents organisateurs de bosser ensemble autour de cette bannière  jusqu’à fabriquer, localement, un festival cousin : à Marseille durant quelques années, à Toulouse plus récemment ou cette année en Bretagne avec Sonic ProBrest, par exemple.

Kiblind : La programmation de Sonic Protest ne semble pas pensée en terme de têtes d’affiches mais plutôt en terme de genre et d’expérience live. Quelle est la ligne directrice du festival en terme de prog ?

Arnaud Rivière : Nous ne nous intéressons pas à la notoriété des artistes mais plutôt à leur singularité. Mais nous restons conscients que le public (et le journaliste!!) a besoin de quelques repères pour s’y retrouver dans ce mystère que représente Sonic Protest. C’est pourquoi nous ne nous interdisons pas de programmer des personnes plus (re)connues. L’important reste bien entendu de ne faire aucun compromis. Certaines programmations ont peut être surpris, voire agacé une partie de notre public le plus intransigeant. Je pense à Brigitte Fontaine et Areski à l’Église St Merry par exemple, mais nous nous en amusons et restons très fiers de ces choix. Le fait d’être deux co-programmateurs (trois par moment quand nous associons JF Pichard des Instants sur une soirée par exemple) nous permet d’ouvrir notre propre vision et de tenter des choses tout en se faisant mutuellement confiance l’un l’autre. Les soirées sont très réfléchies. Nous passons beaucoup de temps à concevoir le programme. Quel groupe pour quelle salle, à quelle heure, quel ordre… Nous avons aboli depuis longtemps (depuis toujours?) la notion de « première partie ». C’est une histoire d’enchaînement pas de hiérarchie. Nous fonctionnons par association d’idée mais également par rupture. Pour la soirée du 6 avril au Cirque Électrique, il était important pour nous au milieu d’une programmation à la couleur assumée post-punk, No-Wave, électrique de présenter les expérimentations sonores d’un artiste exigeant comme Lee Patterson. Ce type de programmation reflète assez bien nos parcours personnels. En tant que programmateur nous sommes avant tout des spectateurs, auditeurs et musiciens. Ce qui nous paraît cohérent et excitant doit forcément l’être pour d’autres. Alors autant le partager.

Kiblind : Comment se passe le travail de recherche en amont de ces groupes souvent peu médiatisés pour les programmateurs ?

Arnaud Rivière : Nous sommes deux à programmer Sonic Protest comme je le disais plus haut. Ça fait 15 éditions qu’on le fabrique ensemble et nous sommes les premiers spectateurs de ce qu’on propose au festival. D’un naturel curieux, on a la chance de pouvoir organiser des concerts d’artistes qu’on rêve de voir, avec l’envie de le partager. Il s’agit d’un exercice en mouvement, on ne programme pas aujourd’hui comme on le faisait en 2005, on a eu la chance d’écouter plein de nouvelles choses depuis, de continuer à préciser ce qu’on veut faire. Rien ne remplace l’expérience.

Avant de faire Sonic Protest ou en parallèle de l’organisation de celui-ci,  ensemble et/ou séparément, on a écouté-vu-organisé-joué pas mal de concerts par ici ou bien loin de là, on a enregistré-produit-vendus de nombreux disques, et compulsé pas mal de ressources en fanzine, en livre, à la radio ou en ligne qui parlent des artistes, des courants et mouvements qui nous intéressent. Avec le festival, on propose un panorama subjectif sur tout ça, un programme qui mélange monstres historiques, musiciens d’un peu plus partout que France/UK/USA ou artistes outsiders. Même si on ne s’interdit pas de travailler avec certains tourneurs, on n’attend pas les tournées pour écrire notre menu et ça peut prendre plusieurs années entre le premier contact avec des artistes et leurs venues sur scène.

Kiblind : Des rencontres autour des pratiques brutes de la musique seront également proposées dans le cadre du festival. Peux-tu nous en dire plus ?

Franq de Quengo : C’est la troisième édition de ces Rencontres qui ont lieu à l’intérieur de la programmation du festival. Une fois encore il s’agit de mettre en lumière des initiatives artistiques et sonores entreprises avec et par des personnes en situation de handicap mental et/ou psychique et de les associer aux démarches hors-normes des artistes chers à Sonic Protest. 2 journées entières en entrée libre et ouvertes à tou(te)s avec des ateliers de pratiques (musique, lutherie, cinéma animé), des témoignages, des partages d’expériences, des échanges, des performances ainsi que deux soirées de concert. Parmi les thématiques proposées, il s’agira d’aborder ensemble les extrêmes sensoriels, l’entente des voix ou encore la perception atypique de l’environnement et son maniement. On évoquera également les lieux à inventer pour laisser s’exprimer librement cette pratique brute si foisonnante. Les journalistes autistes du Papotin intervieweront l’actrice grolandaise Miss Ming et la pause déjeuner sera assurée par le tout nouveau Food truck Les Toqués made in Turbulences. Des performances ponctueront les discussions : un dialogue inédit entre le poète sonore Damien Schultz et Didier Bourgoin, la voix du groupe Peür, un mini « live » de l’artiste cyborg et sourd Kengné Téguia, une action audio-visuelle des Turbulents et plein d’autres surprise. Le samedi matin sera consacré aux ateliers de pratique, comment construire un mini-émetteur  à partir d’une mini radio de poche, fabriquer dans la bonne humeur une guitare électrique slide, découvrir et improviser avec les structures sonores Baschet, s’initier aux pratiques brutes de la musique ou s’execer au cinéma animé. Les deux soirées proposeront concerts et projections rares avec une carte blanche au cinquième Beatles, Klaus Beyer , un live des Harry’s en compagnie du néo-zélandais Stefan Neville (Pumice, The Coolies) ainsi qu’un film inédit d’archives sur les Reynols.

Kiblind : Quels sont les trois concerts à ne pas rater cette année et pourquoi ?

Franq de Quengo : Les 2 soirées à l’échangeur, Bagnolet (29 et 30 mars)  sont totalement immanquables !

C’est une collection freaky-hétérogène de perles plus ou moins bien planquées mais toutes totalement indispensables : la grande maîtresse des diodes et du synthé modulaire, Suzanne Ciani, l’outsider texan mystérieux, Jandek, le backyard-wrestling-garage de Lemones, le dance punk crado The Coolies, les chansons du Haut Atlas marocain de Lahcen Akil,  la maloya-noise des Statonells, la transe retour vers le futur de Société Étrange … y’en n’aura pas pour tous les goûts, y’aura p’tet même débat mais nous piétinerons ensemble et en rythme le monolithisme et la monochromie ! Ha oui, conseil d’ami : du 22 mars au 6 avril, sur www.sonicprotest.com, 24h/24h c’est la radio du festival avec le collectif ∏-Node avec au programme concerts commentés en live, émissions en direct, field-recording de backstage, play-lists algorithmiques et archives ardues. Stay tuned.

La soirée co-programmée avec JF Pichard (programmateur des Instants Chavirés) va certainement rentrer dans les annales. Le trip sonore est garanti à 200%. No-Wave, doom, americana, sound-art, anticipation, shamanisme vs dada. Et au milieu de tout ça, une performance inédite en forme de cabaret fragile hanté par l’énigmatique égérie post-punk Hermine Demoriane. Cette française exilée à Londres à l’accent inimitable a joué dans Jubilee de Derek Jarman, côtoyé les performances de Coum Transmission et sorti un album culte sur Crammed Disc. Pour sa participation à Sonic Protest elle sera accompagnée d’un combo néo-classique comprenant entre autres le pianiste Rod Melvin que l’on retrouve sur plusieurs albums de Brian Eno (Another Green World, Music For Films, Nerve Net).


PROGRAMMATION MUSIQUE + CONCOURS !

Jeudi 28.03 – La Station Gare des Mines – Paris

EUROMILLIARD [France]
HUMBROS [France]
PEÜR [France]
PUMICE [Nouvelle-Zélande]

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Vendredi 29.03 – Théâtre de l’Echangeur – Bagnolet

JANDEK [États-Unis]
CONFUSIONAL QUARTET [Italie]
SOCIÉTÉ ÉTRANGE [France]

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Samedi 30.03 – Théâtre de l’Echangeur – Bagnolet

3×1 place à gagner !

Lahcen AKIL & LES CHA BI BROTHERS [France / Maroc]
Suzanne CIANI [États-Unis]
THE COOLIES [Nouvelle-Zélande]
LEMONES [Belgique]
LES STATONELLS [France]
π- NODE [France]

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Mardi 02.04 – Mona Bismarck American Center – Paris

SCHTUM [Autriche]
SHIT & SHINE [États-Unis]
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Mercredi 03.04 – Théâtre de Vanves – Vanves

Han BENNINK solo [Pays-Bas]
Jean-François PAUVROS & BABOUILLEC [France]
Anne-Laure PIGACHE & Anne-Julie ROLLET :
PARLOPHONIE [France]

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Jeudi 04.04 – Église Saint-Merry – Paris

3×1 place à gagner ! 

DUST BREEDERS & MATTIN [France / Euskadi]
Lydia LUNCH & Marc HURTADO jouent SUICIDE & Alan VEGA [USA / France]
Anna ZARADNY [Pologne]
14€ (+ frais de location) en prévente
16€ sur place
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Vendredi 05.04 -Église Saint-Merry – Paris

BÉGAYER [France]
FRANCE [France]
Éliane RADIGUE : OCCAM XXV par Frédéric BLONDY (orgue) [France]

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Samedi 06.04 – Cirque Électrique – Paris
(en coproduction avec Les Instants Chavirés)

Dylan CARLSON [États-Unis]
Julien CLAUSS [France]
HERMINE [France / Royaume-Uni]
Lee PATTERSON [Royaume-Uni]
UT [États-Unis / Royaume-Uni]
BLENNO DIE WURSTBRÜCKE [France]
ET AUSSi NOWHERE #2 // L’ATELIER DE Lee PATTERSON

On vous fait gagner :
3×1 place pour les soirées du samedi 30.03 à Bagnolet et du jeudi 04.04 à l’Eglise Saint-Merry + des packs totebags et compiles.  Pour tenter de mettre la main dessus, juste un petit mail à e.quittet@kiblind.com avec pour objet la dotation qui vous intéresse. Tirage au sort le mardi 26 mars. 

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