[Employé Modèle] Pol Edouard

Il y a des jours comme ça où on a envie de crier au monde que, nous aussi on aime la baston, les muscles saillants et les belles cylindrées. Pol-Edouard, lui, les aime vraiment beaucoup et le montre d’une belle façon.

Animé depuis toujours par sa passion pour les films d’action des années 80 et les gros moteurs, c’est tout naturellement que l’univers graphique de Pol-Edouard s’est construit. Armé de ses marqueurs, l’aventureux dessinateur se plait à représenter des personnages qui dégoulinent de virilité. Ses traits au tracé compulsif et aux couleurs franches donnent naissance à des volumes impressionnants et à des scènes qui nous transportent dans un monde à la frontière du surréalisme.

© Pol-Edouard
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© Pol-Edouard
© Pol-Edouard
© Pol-Edouard
© Pol-Edouard
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Kiblind : Pourrais-tu nous raconter ton parcours d’illustrateur ?

Pol-Edouard : Je suis passé par des écoles d’illustration et de cinéma d’animation et aussi par pas mal de cours de modèle vivant. J’ai mis beaucoup de temps avant de me lâcher sur mes dessins, je crois que j’étais dans la retenue… un blocage. J’étais tellement dans l’idée de trouver un style graphique que j’en oubliais carrément de raconter une histoire ou de me livrer. Et puis avec mes potes du BMX, on avait cette idée de faire un fanzine sur le thème des scooters et des motos puisqu’on avait tous ça en commun, et finalement c’est mes potes qui n’avaient aucune base en dessin qui faisaient les compositions les plus folles et qui racontaient les meilleures histoires, particulièrement la scène du motard avec des flammes au bout des pots d’échappement qui sautait par dessus un cimetière avec un sex shop dans le décor. Ensuite j’ai bossé sur des zines en solo, posters et livres en sérigraphie imprimé par French Fourch et j’ai fait des expos collectives et dernièrement mon exposition solo à la Galerie P38.

Kiblind : Quelle technique utilises-tu ?

Pol-Edouard : J’utilise principalement des marqueurs en ce moment, c’est pratique pour dessiner partout, ça sèche instantanément. En fait j’ai commencé à travailler avec des marqueurs dans l’idée de faire de la sérigraphie, parce que ça marche de la même façon, les couches de couleurs qui se superposent pour donner une nouvelle couleur. J’ai repris avec les marqueurs ma façon de travailler à l’acrylique, en faisant monter les valeurs progressivement de manière à faire ressortir l’éclairage de la scène. J’ai fait pas mal de recherches en faisant des croquis d’après des figurines éclairées par des lampes de couleurs pour faire ressortir les muscles et les volumes au maximum.

Kiblind : Comment se passe une journée type ?

Pol-Edouard : Je n’ai pas vraiment de journée type. Dernièrement j’essayais de faire un dessin par jour, donc je m’y collais dans le train, sur une place ou chez des potes, j’arrive à dessiner un peu partout. Sinon quand je me lance sur des dessins plus grand format il se peut que je bosse toute la nuit et je vais me coucher quand les oiseaux chantent. J’aime bien avoir une nuit devant moi, j’ai l’impression d’avoir tout le temps et personne ne va me déranger à part mon chat.

Kiblind : Comment définirais-tu ton univers graphique ?

Pol-Edouard : Je dirais que les dessins que je faisais pendant les cours au collège dans les marges des cahiers ont fini par gagner et prendre le dessus. Ces dessins que je faisais directement au stylo sans faire de croquis préparatoire, en me laissant juste guider par l’instinct. J’ai retrouvé cette sensation depuis que je travaille au feutre, j’aime bien ne pas savoir d’avance comment va être le dessin à la fin, les choses viennent d’elles mêmes au fur et à mesure. Ça donne parfois un coté disproportionné que j’accepte.

Kiblind : Quels sont les thèmes qui t’inspirent ?

Pol-Edouard : Un mélange entre le cinéma d’action des années 80, Mad Max, Total recall, Conan… les jeux vidéos, Street Fighter, Double Dragon, Contra… la mythologie, les amazones, le minotaure, Hercule… et la peinture classique, Delacroix et Rubens avec leurs scènes de guerre et de chasse…

Kiblind : D’où te vient cet amour infini pour les cyborgs et le tuning ?

Pol-Edouard : Je crois bien que voir Terminator à 10 ans, même sur une toute petite télé à tube cathodique, ça marque à vie, un gros choc visuel. Schwarzy éclairé avec du bleu et du rouge, en robot sous une peau humaine, c’est tellement une figure d’anticipation… Et le thème devient de plus en plus réel, surtout quand on voit les robots de Boston Dynamics qui courent et font des saltos. Et le tuning ça vient de ma passion pour les scooters qui date du collège.  Je me souviens de mon épave avec les carrosseries violettes qui se détachaient quand je prenais un dos d’âne. Je les remettais en place aux feux rouges. Heureusement que je n’ai pas de vrai projet tuning parce que c’est un gouffre financier, je m’éclate beaucoup plus à les dessiner.

Kiblind : De quels autres illustrateurs admires-tu le travail ?

Pol-Edouard : J’avais vraiment pris une claque, il y a une dizaine d’années, en voyant le travail de James Bladgen. C’est lui qui m’a donné envie d’abandonner le cerné noir et les contours. Il y a aussi Darius Moreno qui est aussi dans ce délire hip hop flashy.

Kiblind : Quels sont tes projets à venir ?

Pol-Edouard : J’ai un projet de zine sur le thème des jeux-vidéos avec toujours des gros flingues et des gros bras, pourquoi pas un nouveau livre en sérigraphie et surtout un projet de film d’animation un peu différent de ce que je fais d’habitude mais j’aime bien me lancer de nouveaux défis.

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