[EMPLOYÉ MODÈLE]. Florent Larosoire

Au détour d’un scrolling hystérique sur Instagram, voilà que des illustrations texturées et décalées nous ont stoppé en plein vol. Il s’agit de celles de Florent Larosoire, illustrateur montreuillois aussi à l’aise avec des crayons 2.0 qu’avec des bombes de graff.

Dans la grande famille des illustrateurs, il y a ceux qui ont toujours dessiné de chez eux confortablement installés dans leur fauteuil, et puis il y a la catégorie avec une pincée de street cred en plus de ceux qui ont commencé par dessiner à même la rue. Florent Larosoire fait partie de ceux-là. C’est sur les murs de Montreuil qu’il a développé sa technique de dessin avant de basculer vers l’illustration, en gardant toujours ce qui fait son style : des effets de matière récurrents et un humour subtil et parfois satirique qui nous plait pas qu’un peu.

© Florent Larosoire
© Florent Larosoire
© Florent Larosoire
© Florent Larosoire
© Florent Larosoire
© Florent Larosoire
© Florent Larosoire
© Florent Larosoire
© Florent Larosoire
© Florent Larosoire
© Florent Larosoire
© Florent Larosoire
© Florent Larosoire
© Florent Larosoire

 

Comment en es-tu arrivé là ?

Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours été attiré par les images, leur univers, leur mystère. Mes parents m’ont sensibilisé très jeune au dessin et à la peinture, ça m’est resté par la suite. J’ai commencé le graffiti ado, j’habitais Montreuil où il y avait beaucoup de terrains vagues, c’est à ce moment que j’ai pris le « blaze » [pseudo] de L A R O S O I R E. Puis j’ai commencé la photo, au départ simplement pour avoir une trace de mes graffs. J’ai beaucoup travaillé sur les analogies et sous forme de diptyques. Je fonctionne par association d’idées, j’ai toujours un carnet à portée de main dans lequel je croque mes idées et me raconte des histoires, C’est donc tout naturellement que je suis passé à l’illustration il y a 5-6 ans. Je ne suis pas un grand dessinateur, ce qui me plaît c’est de créer un visuel qui intrigue, qui questionne ou qui prête à sourire.

Qu’est-ce que tu penses que le graffiti t’as apporté ?

Des bons souvenirs et plein de rencontres, des personnes toutes très différentes, et peut être aussi d’avoir aujourd’hui une approche plus frontale de l’illustration. Le métier d’illustrateur est en comparaison du graffiti, une activité de pantouflard. Quand tu fais une illustration chez toi, t’es dans un cocon. Quand tu fais un graff, tu prends forcément des risques. Pour l’illustration, t’as juste à prier pour que ton ordi ne plante pas. Aujourd’hui, on est beaucoup d’illustrateurs a travailler avec des tablettes, on peut tout modifier à tout moment, c’est le grand luxe. Le graffiti, c’est quelque chose de plus physique, qui peut vite devenir addictif.

De quoi a-t-il fallu que tu te débarrasses pour faire de l’éditorial ?

De mon coté «foufou» , « à partir dans tous les sens» : j’ai dû apprendre à canaliser mes idées pour répondre à des commandes. A me demander à chaque fois si on comprenait le message que je voulais faire passer, ce que racontait mon illustration. Souvent le client a une idée précise en tête de ce qu’il veut, mieux vaut lui faire confiance et ne pas s’aventurer sur du « hors piste ». Être sous la contrainte d’un directeur artistique et avoir une « deadline » m’a toujours fait progresser, voire me dépasser.

Peux-tu nous expliquer l‘effet matière très présent sur tes illustrations ?

Je n’ai jamais aimé les images trop lisses, les photos retouchées à outrance, le dessin 2.0. Je vois que le «vectoriel» fait beaucoup d’adeptes, mais fondamentalement j’ai une préférence pour l’odeur du papier et les tracés au crayon. Il y a longtemps, j’avais fait une expo de photo dans un bar, c’était en 2007, on pouvait encore fumer à l’intérieur. Une fois l’expo terminée, quand il a fallu tout décrocher, les photos avaient toutes jaunies et sentaient fort le tabac froid. J’ai trouvé ça parfait. J’avais l’impression qu’elles avaient traversées une vie. En l’espace d’un mois, elle avait pris 20 ans ; c’est peut-être ça que j’essaie de retrouver avec la matière.

Quelles sont tes inspirations d’hier et d’aujourd’hui ?

Hier c’était Gorey, Horphé, Honet, Tvrbo, (tous des graffeurs qui sont (ou qui étaient) aussi des illustrateurs). Aujourd’hui j’aime beaucoup le travail d’Obisk, un graffeur avec une approche très singulière. Les nabis m’inspirent beaucoup, de même que les surréalistes : cette sensation d’être entre le rêve et la réalité me parle. Ma dernière inspiration ou plutôt ma dernière claque remonte à une semaine, c’était à Berlin à la East Side Galerie. Voir ces peintures tellement empreintes d’histoire, réalisées sur cette partie du Mur encore debout, c’est déstabilisant pour un ancien graffeur. Ce sont aussi souvent des messages pacifistes et ça fait du bien surtout ces temps-ci.

Quels sont tes projets pour l’avenir ? 

En parallèle de l’illustration, j’anime des ateliers d’arts plastiques pour les enfants. Ça me fait décrocher de mon ordi, prendre une dose de jus vitaminé et de bonne humeur ; ça m’aide aussi parfois à boucler la fin de mois. Aujourd’hui, je suis sur un projet qui s’appelle « Déchets d’œuvres » . On fabrique une chenille géante qui mange tous les déchets qu’elle rencontre sur le trottoir, une chenille mangeuse de mégots quoi.

 

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