[Playlist Release] Adrien Pallot

Champion de la discipline lorsqu’il s’agit d’aller creuser bien profond dans notre âme et d’y déterrer les émotions les plus enfouies, Adrien Pallot a de l’or au bout des doigts. La façon dont il caresse les synthétiseurs n’a d’ailleurs pas mis longtemps à convaincre le tout jeune label Santé Records, fondé par Botine et Apollo Noir, de lui faire une place. Bien loin de l’urgence des compositions survoltées du groupe Iñigo Montoya dont il est membre, le musicien nous fait découvrir avec son projet solo un de ses passe-temps plus tranquilles : la pratique de la boucle infinie. De quoi donner envie de rompre avec la réalité ennuyeuse pour s’en aller vers une chimère qui ne connait pas de fin. On vous fait découvrir « Quatre Sept », un des morceaux de ce sublime album enregistré sur bandes. Avec en guise d’introduction, la playlist idéale de son propriétaire.

LA PLAYLIST COMMENTÉE D’ADRIEN PALLOT

༄ Jon Hassel and Brian Eno – Delta Rain Dream

Brian Eno brille (le plus souvent) dans sa capacité à tirer le meilleur d’autres artistes. Leur donner suffisamment de confiance pour les attirer dans des zones moins confortables. La trompette omniprésente sur cet album se fait pourtant oublier, on est totalement pris par la transe des morceaux. Loin d’être une relecture occidentale, plutôt une itération futuriste de la musique indienne (et un peu new age quand même, vu qu’on est en 1980).

༄ Malibu – Held

Un des seuls morceaux sorti par Malibu avant son récent EP. Lorsque j’ai découvert cette compilation de PAN, j’ai été happé par la cohérence de l’ensemble. Held aurait pu être la BO parfaite de The Revenant. Entre Malibu et son autre alias Dj Lostboi, elle cultive une certaine idée du mystère et du talent.

༄ Nivhek – After its own death: Side B

En parlant de side projects. Celui de Liz Harris avec Michael Morley et d’autres m’a beaucoup marqué cette année. C’est toujours aussi sombre, mais dans la construction très cinématographique ça m’évoque les meilleures heures de Godspeed You! Black Emperor. Comme à son habitude, elle profite de résidences artistiques glanées aux quatre coins du monde pour puiser de nouvelles sources d’inspirations. Comme un besoin permanent de se mettre en danger.

༄ William Basinski – The Disintegration Loops 1

Surement un des moments les plus importants de ma vie musicale, le jour où j’ai découvert les Disintegration Loops. Cette série de disques a été déjà pas mal romancé, donc autant se concentrer sur ce que ça m’évoque personnellement. Une étrange et profonde plénitude face à l’entropie du monde. Mon amour total pour les enregistreurs à bande vient de là. Malgré son côté archaïque, cette méthode pour enregistrer des boucles ouvre tellement de possibilités créatrices. Comme un boulanger pétrie son pain en fonction de sa farine, de l’humidité, de la température. Toucher la matière, comprendre les nuances que l’on peut y apporter, c’est une expérience assez grisante. Dont je ne me lasse pas.

༄ Sun Ra – Adventure Equation

Mon morceau préféré de Sun Ra. Ballade solaire et primitive, axée autour d’une batterie passée dans un écho, d’un orgue et de la clarinet basse de John Gilmore. Un des sommets de leur aventure ensemble. L’album a été enregistré dans un théâtre de Harlem, on entend un téléphone sonnant au loin, des enfants jouants dans la rue. Tous ces petits détails…

ADRIEN PALLOT – QUATRE SEPT

« A la base de cet album il y a une boucle faite à partir d’un drone et d’une mélodie de rhodes. Sur ce titre, la boucle est lue quatre fois plus lentement. L’impression diffère totalement de la sonorité originale, une mélodie s’y ajoute et évolue lentement. J’ai surtout passé du temps à enlever des éléments, pour ne garder que ce qui me ramenait à mon émotion première quand j’ai fabriqué cette boucle. »

Prochaine date :
11.12 – Santé Records Party w/ QDRPD & Botine @ L’Espace B, Paris

ADRIEN PALLOT // SANTÉ RECORDS