[Festival] BIM! 2016

Il fût un temps où nous bavions, les poches aussi vides que le frigo, devant la programmation de salles de concert situées à l’autre bout de la France. A l’époque, nous avions forcément un copain, tombé au bon endroit au bon moment, qui nous racontait avec emphase les brillants éclats de notre artiste préféré pendant son dernier live. C’était énorme. C’était fou. C’était unique. Et vous n’étiez pas là. Ravalez donc votre amertume et saluez Mère progrès : cette ère de frustration touche à sa fin grâce au BIM! Festival, dont on a rencontré les organisateurs.

Le don d’ubiquité

BIM! est le premier festival 100% web dédié aux musiques actuelles. En bref, pendant plus de deux mois, du 5 octobre au 17 décembre 2016, vous pourrez écouter une ribambelle de concerts se donnant dans toute la France, enregistrés et diffusés en live sur l’Internet. Comme le souligne Philippe Badey, responsable de la communication du festival, « on donne la possibilité à des gens qui ne peuvent pas être à un concert, qui ne peuvent pas se déplacer pour une questions X ou Y, d’écouter le concert dont ils ont envie dans les mêmes conditions qu’un live. »

Tout le concept repose sur une petite boîte : la SondBox, mise au point par la start-up lyonnaise Le Sondier, qui permet à l’auditeur d’être complètement immergé dans le live. «  On avait envie de faire écouter les lieux qui font la musique aujourd’hui. Le but du BIM!, c’est de créer une véritable connexion entre l’auditeur, le lieu et ainsi une relation directe à l’artiste. Le public va se sentir dedans », explique le PDG du Sondier, Laurent Queyrut. Chaque artiste sera enregistré lors de deux concerts minimum. Pour Laurent Queyrut, c’est là toute la richesse du festival : « au lieu de proposer un concert unique, un moment unique, on donne l’occasion au public de vivre plusieurs moments uniques avec le même artiste. C’est ce qui est intéressant : le lieu change, le public change et forcément, l’ambiance change aussi. »

L’argent et le bonheur de tous

Pour l’heure, 50 artistes et 100 concerts devraient être programmés, si et seulement si la campagne de crowdfunding lancée sur KissKissBankBank atteint l’objectif de 15 000€. Pour le donateur, l’intérêt est double : en déboursant 10€, il permet au festival de voir le jour en même temps qu’il obtient son ticket d’entrée pour l’ensemble des concerts programmés. L’autre bonne nouvelle, c’est que dans le cas bienheureux où la somme collectée dépasserait les 15 000€, BIM! programmera plus d’artistes, enregistrera plus de concerts et vous offrira plus de live, au même prix (75 artistes pour 25 000€, 100 pour 30 000€). Autant le dire, ça sent la fête.

 « A l’origine du projet, on s’est posés une question : quelle est la façon de diffuser des artistes et les soutenir en même temps ? A force de réflexion, on en est arrivés à la conclusion qu’il fallait opérer un changement d’échelle par rapport à ce qui se fait déjà », observe Laurent Queyrut. « Il fallait aussi que le prix soit justifié, ajoute Philippe Badey. Nous vivons à l’époque de la culture de la musique gratuite. On est partis du principe que le public était prêt à payer pour aider, dans une démarche de soutien direct à l’artiste. » Ainsi, pour que tout le monde y trouve son compte et surtout les artistes, les organisateurs du BIM! ont fixé la rétribution des artistes à 52% des fonds collectés, rien que ça. Vous trouverez tout le détail de leur compta éthique ici.

«  Une optique d’émergence »

« Les 50 artistes actuellement programmés (qui comptent Jacques, Blow, Encore! ou Pethrol NDLR) ont été sélectionnés par un comité de programmation. Il y avait deux conditions à remplir pour participer : exister depuis 2 ans minimum et être un artiste français », précise Philippe Badey. Les neuf membres de ce comité (Gaëtan Bouvachon programmateur de Nuits Sonores et Benjamin Petit programmateur du Marché Gare entre autres) ont reçu 334 candidatures. « On se place vraiment dans une optique d’émergence ; dès le début, on a voulu se tourner vers la scène indé », ajoute Philippe Badey.

En bref, pour soutenir la musique, les artistes et les petites salles bien chouettes, ça se passe ici.

KissKissBankBank // BIM! // Le Sondier