Dégoulinante et retro-futuriste comme on aime, la pochette de « Golden Promises » du groupe Alfa Nova nous a bien tapé la rétine. On est allés demander à Benjamin Saville, l’illustrateur anglais derrière cette beauté, quel genre de magie il exerçait.
Pour ce deuxième volet de « Derrière le vinyle », on célèbre l’heureux et éternel mariage entre musique et illustration avec l’oeuvre vaporeuse de Benjamin Saville. Si on a découvert le garçon de Sheffield grâce à ses trois artworks réalisés pour le groupe Alfa Nova, force a été de constater que la création d’artworks est une activité bien habituelle pour lui. Biberonné au graphisme et à la musique indé, l’artiste anglais a également à son actif de nombreuses pochettes dont celles de Radidas, Tirman Kid et Nico Cara. Des créations qui ont pour point commun de sentir toutes fort les années 80 et la synthwave.
BENJAMIN SAVILLE x ALFA NOVA
Comment appréhendes-tu le design graphique ?
J’aime faire des choses assez variées. De temps à autres, j’aime dessiner des formes abstraites et d’autres fois, je préfère faire des choses plus réalistes. Je suis un peu versatile dans ce sens, je n’aime pas avoir de ligne fixe.
Comment et quand tout ça a commencé ?
J’ai été créatif depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, et j’ai toujours voulu avoir un taff dans l’art. J’ai été à l’Université en design graphique et j’ai décroché un job dans un studio qui faisait des affiches pour les bars et les boites de nuit. Quand on avait un peu de temps libre, j’expérimentais avec l’illustration en créant des images psychédéliques et dégoulinantes et mon style est plutôt parti de ça.
Peux-tu nous parler plus précisément de ce style que tu t’aies créé ?
C’est un mélange entre art abstrait et lowbrow (ndlr. mouvement d’art pictural apparu à Los Angeles à la fin des années 70) avec des touches d’aérographes des années 70 et 80.
Quelle était la commande initiale pour réaliser cet artwork d’Alfa Nova Band ?
Le groupe est venu vers moi avec pour référence le travail de Bendik Kaltenborn et voulait un visuel avec une touche estivale et synthwave, donc j’avais déjà une bonne base. Ils étaient très ouverts à mes idées donc c’était cool de pouvoir jouer autour de ça.
Comment t’organises-tu pour créer tes artworks en général ?
La plupart du temps, je suis entouré de post-it et de carnets remplis de gribouillis et d’idées. Ensuite, je créé des formes assez basiques sur Illustrator. Je m’amuse à essayer des choses jusqu’à ce que quelque chose colle, c’est comme un puzzle. Ensuite, je passe les images sur Photoshop pour ajouter les couleurs et les ombrages avec une tablette. J’ajoute toujours les couleurs à la fin, ce qui est une décision plutôt arbitraire.
Quelles sont tes plus grosses influences dans les domaines de l’art et du design graphique ?
Venant d’une famille de mélomanes, je pense que je suis assez vite tombé sur les belles pochettes de disques de Storm Thorgersen et Roger Dean. Les artworks fous de Dave McMacken pour Frank Zappa ont aussi déteint sur moi, ainsi que les animations surréalistes de Terry Gilliam. Plus tard, j’ai découvert les styles graphiques de Robert Beatty et de Patrick Saville qui m’ont beaucoup interpellé aussi.
Est-ce que la musique t’inspires quand tu dessines ?
Carrément. Je ne pense pas que je pourrais créer sans écouter de musique. En particulier pour avoir une idée de l’artwork qui viendra compléter la musique. Ca me met directement dans un état d’esprit de création.
Pour toi, quelles sont les plus belles pochettes de vinyles de tous les temps ?
C’est une question difficile ! Mais tout en haut, je dirais celle de Ummagumma des Pink Floyd et de Pink Moon de Nick Drake. In Sides d’Orbital est également une de mes préférées. Under the Sun de Mark Pritchard est aussi une chouette pochette de Jonathan Zawada. Et j’aimerais pour toujours celle de Monty Python Sings.
ÉTAPES DE CRÉATION POUR LA RÉALISATION DE LA POCHETTE D’ALFA NOVA
LES PLUS BELLES POCHETTES SELON BENJAMIN SAVILLE
Pink Floyd – Ummagumma (Storm Thorgerson)
Nick Drake – Pink Moon (Michael Trevithick)
Orbital – In Sides (John Greenwood)
Mark Pritchard – Under the Sun (Jonathan Zawada)
